Je sais, par expérience personnelle, que le groupe Hersant ne s'embarrasse pas de sentiments ni de compassion. Le personnel, dans ce groupe anciennement tentaculaire, encore propriétaire de Paris-Normandie (acquis par Robert Hersant dit le papivore) est considéré comme une variable d'ajustement ce qui veut dire que les préoccupations des salariés et leur avenir passent bien après la rentabilité de l'entreprise et les profits de l'actionnaire.
Dans ce monde tourmenté, les industriels et les chefs d'entreprise ont impérativement le devoir de veiller à l'évolution technique et technologique de leur secteur d'activité. S'il est un domaine qui a été profondément bouleversé au cours des vingt dernières années, c'est bien celui de l'impression et de l'édition. Le surgissement d'Internet a modifié les modes de vie, d'échanges, de correspondance, de lecture. Les journaux locaux doivent intégrer ces mutations, tout comme les gratuits d'annonces devenus pour certains des gratuits d'information.
Faute d'avoir pris le bon virage au bon moment, la Comareg, société d'édition de GHM (groupe Hersant médias) a d'abord été placée en règlement judiciaire et la liquidation (faute de repreneur) a été prononcée, ces jours derniers, par le tribunal de commerce de Lyon. Voilà pourquoi depuis quelques semaines, nous ne trouvons plus le gratuit Paru-Vendu dans nos boîtes à lettres. Cette liquidation entraîne le licenciement de 1650 personnes (Paru-vendu et hebdoprint) soit le plus grand plan social de l'année 2011 en France. Dans l'Eure, un plan social touchera personnels de la PAO et vendeurs d'espaces.
Sur des banderoles brandies devant le tribunal par des salariés, un texte sous forme de petite annonce proposait de s'adresser à l'actionnaire, domicilié en Suisse. Effectivement, Philippe Hersant est domicilié à Genève à la fois pour des raisons de confort personnel et pour des raisons fiscales. Lors de notre rencontre en 1994 (année de la vente de la SAEDEP à Philippe Hersant) j'avais été frappé par une forme de distance confinant à une certaine arrogance. Bien né, le nouveau patron de La Dépêche avait acquis des parts de marchés se souciant bien peu de la ligne éditoriale ou du contenu du journal. Aujourd'hui La Dépêche appartient au groupe Ouest-France.