Magazine Info Locale

Paradis fiscaux : la grande hypocrisie

Publié le 04 novembre 2011 par David Talerman

Je viens de lire ce matin une brève dans le Figaro qui m’a franchement énervé : l’OCDE va publier à l’occasion du G20 une mise à jour de leur liste des paradis fiscaux dans le monde. Et la Suisse devrait de nouveau se retrouver dans la liste grise. Pour ceux qui ne sont pas au courant, la liste grise des paradis fiscaux de l’OCDE, c’est l’antichambre de la liste noire qui promet, pour chaque pays qui s’y trouve, des sanctions économiques et autres gentillesses.

Etre sur la liste grise, c’est donc recevoir un avertissement qui signifie : « si vous ne faites pas le nécessaire pour arrêter de favoriser l’évasion fiscale, vous serez sanctionné« . C’est ce même type d’avertissement en octobre 2008, donné par la France et l’Allemagne en 2008, qui avait mis fin au secret bancaire suisse, le pays s’étant conformé à la réglementation de l’OCDE pour l’échange d’informations fiscales.

La France : paradis fiscal des dictateurs africains ?

Ce qui est très étonnant, c’est qu’à chaque fois qu’une grande crise économique ou financière se profile à l’horizon, l’OCDE ressort sa liste et y remet notamment la Suisse. Car ne nous y trompons pas, il faut bien trouver des coupables à livrer à l’opinion publique.

Il est en effet beaucoup plus simple de montrer du doigt la Suisse ou le Liechtenstein que de faire le ménage à la maison : la France aurait-elle oublié qu’elle a abrité (et abrite), avec la complicité des banques françaises et des promoteurs immobiliers, des fonds et des biens en provenance des dictateurs africains des anciennes colonies françaises, pour des montants de plusieurs centaines de millions d’euros ?

Les accords fiscaux de l’Allemagne et de l’Angleterre qui officialisent (et rentabilisent) l’évasion fiscale

L’Allemagne (tout comme l’Angleterre d’ailleurs) aurait-elle aussi oublié qu’elle vient tout juste de passer des accords avec la Suisse (en pleine période estivale, histoire de ne pas faire trop de bruit dans l’opinion publique), permettant, grosso modo à celle-ci, de continuer ses activités financières offshore en contrepartie du versement d’une somme forfaitaire de 2 milliards de francs suisses au fisc allemand, et du prélèvement d’un impôt libératoire annuel de plus de 26% sur les comptes des résidents allemands en Suisse ?

Pour faire simple, cet accord légalise les fraudeurs allemands et anglais, et permet que ce qui s’est passé pendant des années continue, tout en rémunérant les pays lésés. J’appelle cela de la complicité, et de fait je pense que l’Allemagne et l’Angleterre auraient également leur place sur cette liste grise.

Je ne parlerai pas des autres pays de l’Union européenne qui pratiquent une fiscalité plus que limite et avantageuse, situation sont je parlais déjà en 2008, période à laquelle on recherchait également des coupables à la crise de 2008-2009.

La Suisse, nouvelle fois victime de son isolement

A l’époque, la Suisse avait payé très cher son indépendance : difficile de faire jeu égal lorsque vous avez à la table des négociations les Etats-Unis (qui ont, au passage, leur paradis fiscal, le Delaware), et l’Union européenne. La négociation avait tourné au désavantage de la Suisse qui avait alors perdu son secret bancaire.

Selon moi, ce que l’Union européenne et les Etats-Unis visent avant tout, c’est la fiscalité des entreprises suisses (plus basse que dans beaucoup de pays de l’Union européenne). Sur ce sujet, l’hypocrisie est également notoire puisqu’un pays comme la France peut donner jusqu’à plusieurs dizaines de millions d’euros de subventions à une entreprise étrangère qui vient s’installer sur son sol (ce que ne fait pas la Suisse). Alors certes la fiscalité en France est de 33%, mais lorsque vous recevez des montants aussi importants en subventions, on peut clairement parler de concurrence déloyale par rapport aux autres pays. Isolée, la Suisse qui a certes d’excellents négociateurs parmi ses diplomates, n’a à mon sens pas la puissance diplomatique nécessaire pour renvoyer ses détracteurs à leurs affaires. Et je suis bien curieux de voir les réactions officielles des autorités suisses lors de la sortie de cette liste.

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Voir la brève du Figaro

Aucun article en relation.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


David Talerman 6882 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine