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[Critique] THE WOMAN de Lucky McKee

Par Celine_diane
[Critique] THE WOMAN de Lucky McKee
[AVANT-PREMIERE]
Taxé de misogynie et se traînant une mauvaise réputation depuis Sundance, où il a été présenté en début d’année, The Woman joue la carte du jusqu’au-boutisme. Avec son histoire de père de famille (Sean Bridgers), violent et dominateur, qui capture une femme sauvage, au cœur de la forêt, pour mieux la "civiliser" dans sa cave (comprendre: la violer, l’humilier, et la nourrir comme un chien), Lucky McKee compte bien utiliser, comme à son habitude depuis May et The Woods, l’imagerie gore et horrifique pour pointer du doigt les déviances de la société américaine. Et si les figures féminines de son récit se trouvent toutes sous le joug masculin, et ce de manière volontairement archétypale, il ne faut pas se méprendre sur les intentions du cinéaste : le but ici n’est pas d’accumuler les maltraitances envers les femmes, dans une atmosphère volontairement répulsive avec accents torture porn, mais bien d’exposer, métaphoriquement, la condition de la Femme (le The Woman-titre, en symbole de toute la gente féminine) dans le monde contemporain.
Car si sauvage il y a, ils sont plutôt à trouver chez les hommes ici : un paternel (incestueux ? le doute plane), et un frère vicieux, modèle réduit du premier. Des personnages-symboles, qui lorsqu’ils sont privés de leurs étiquettes sociales mensongères (le patron qui reluque et drague sa secrétaire et l’ado en proie à ses hormones en folie sont des clichés tolérés un peu partout), se révèlent monstrueux, prêts à tout pour assouvir leurs bas instincts. The Woman est un film choquant, oui, parce qu’il assume à fond sa démarche. Mais les sévices sexuels, doigt arraché, et le déluge d’hémoglobine qui suivent (bon appétit) ne constituent pas le pire du programme pour McKee. Le plus insupportable, in fine, dans The Woman, est à trouver ailleurs : chez l’épouse soumise (Angela "May" Bettis), que l’on baffe et tabasse par surprise, chez l’ado enceinte, psychologiquement et physiquement violentée, chez la prof en talons hauts, pur produit d’attentes sociales normalisées, ET banalisées. Toutes, sont des martyres. A l’instar de la femme sauvage, ligotée sur sa croix, elles ont été éduquées, domestiquées, asservies par une société patriarcale où la femme n’est qu’objet de désir, soumise en rouge à lèvres, à la merci des mâles. Au final, McKee invente même un nouveau concept : le féminisme trash.
[Critique] THE WOMAN de Lucky McKee
Sortie prochainement (sûrement du direct-to-dvd)

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