Ce soir, je suis venu avec lui, comme depuis quelques mois.
"Il était une fois ..." diront les copines en voyant mon prince, cet homme qui m'accompagne, qui est passé me prendre en bas de mon chez-moi, oui j'ai préferé le garder, un coin de dressing, un coin macarons juste pour moi et les amies. Que de dîners magiques avec lui, une rencontre d'ailleurs entre deux petits fours dans un salon chic, pour présenter des photos de bijoux, un artiste dans un coin et nous en début dd'amour dans l'autre. Nous ne sommes pas sortis sur la terrasse pour le premier baiser, mais en bas de mon appartement, en sortant de son cabriolet, avec encore l'odeur du cuir, de mes envies, des mes sentiments en ébullition. Week-ends magiques sauf quand il travaillait, les consultants sont des fous de business-plans, de travaux divers, de rapports épais, mais pour refaire le monde, il faut du temps. Nous partions dans des maisons d'hôtes, des hotels sur la plage, des coins cocooning en France ou en Europe. Des cadeaux en se baladant dans les rues, une petite robe à Vienne, une douceur de lingerie à Londres, un vieux sac en cuir à Berlin, et des soirées soit underground, soit in-bed-with. Je profitais de mon boulot, il m'appelait, nous nous aimions, une belle vie de presque princesse, sans la bague mais avec des sandales Louboutin, sa dernière surprise.
Ce soir j'étais là, contemplant mes talons fins, jouant de la brillance du vernis avec les lampes anciennes de cette brasserie, une table, des hommes, quelques femmes, du business, et de l'ennui. Soudainement, peut-être le fatigue des derniers jours, au boulot, en moi, je ne suis plus réceptive à l'ambiance. D'ailleurs tout ceci brille certes, mais où suis-je ?
Lui rit, lui parle, lui commente, ils échangent des idées, des plans d'attaque pour le client X, des séminaires pour la direction du client Y, je suis seule dans cette foule. Il est là, près de moi et si loin. D'ailleurs qui suis-je pour lui ? Une belle, une si jolie femme, celle qui porte si bien les robes, les jupes, la mode et l'élégance juste, sur le haut de mes jambes, sur les rondeurs de ma volupté, avec quelques touches de maquillage, une coiffure parfaite, et une bouche qui le fait rêver. je suis son fantasme vivant, ou une chose assise. Je me lasse de cette superficialité de notre relation, je ne l'aime pas, oui cruelle constatation, d'ailleurs nous ne le disons pas. Nous faisons l'amour, nous faisons du shopping, nous buvons du champagne , entre amis, entre nous, nous fêtons un vide total, avec pour seul sentiment l'ennui.
Elles aussi regardent le décor, ne savourent aucune bouchées de leurs entrées, juste un peu d'énivrement avec ce vin rouge, je l'ai choisi, soyeux, onctueux et surtout palpitant. Seules les vapeurs, les arômes m'ensorcellent ce soir. Je bois, je recherche un geste de tendresse, en moi.
Depuis quand ?
Pourquoi avoir fait ce chemin ensemble pour être là, dans cette soirée, il en avait déjà eu d'autres, probablement plus pétillante, et moi plus princesse, plus sereine, où j'étais une autre personne, dans un rêve, dans une vie de paillettes. Mais ce soir j'avais envie de rien en particulier, si, peut-être d'un baiser, d'un moment d'arrêt dans cette course sans but.
Un lieu à nous, un lit, le nôtre, pour se lover l'un à côté de l'autre, se sentir, dormir ou lire, profitant du soleil à travers les persiennes. Un espace à nous, immobile, simple, avec mes talons sur le sol, ma robe posée sur un coin de meuble, des fleurs devant le miroir.
Je me lève, vers le bar, je commande un verre, je fouille dans mon sac, mes clefs, moi. Je vais partir, prendre mon manteau, sans lui, dans un taxi. L'oublier !
Plus jamais.
Et demain, je chasserai l'ennui, lui avec, en allant acheter des fleurs.
Les premières depuis de longs mois.
Nylonement
Modèle : Phoebe // Agence
Chadwicks
Photographe : Matt FEDDERSEN
Stylisme :
Rachel HARRIS
Maquillage :
Paul BLANCH
Coiffure :
Trent LOPUSZANSKI