La tradition de la dénonciation du pouvoir religieux est une tradition bien française. De même que celle du journal satirique, tout voué à l’ « irrévérence ».
L’irrévérence est – pourrait-on dire – dans les gènes de ce peuple au tempérament frondeur.
On peut le comprendre…mais, dans le cas qui nous occupe actuellement, de quelle manière interpréter cet acharnement contre une figure qui est, pour des millions de gens à travers le monde (parmi lesquels, ne l’ oublions pas, un très grand nombre de Français) un objet de vénération sacrée ?
Quand la provocation devient excessive, là, je ne suis plus…
Que l’on stigmatise le terrorisme et certaines dérives intolérantes, voire « conquérantes » de certains courants qui se réclament de l’Islam, fort bien, très bien.
Mais les convictions religieuses des gens, elles, ne méritent-elles pas un minimum de respect ?
A l’heure actuelle, l’Europe et la France, sous l’effet de la crise, sont tentées de trouver un bouc-émissaire bien commode et, l’Histoire ayant la fâcheuse habitude, on le sait ou, à tout le moins, on devrait le savoir, de « bégayer », elles focalisent sur l’Islam comme en d’autres temps (pas si lointains, rappelez-vous !), elles focalisaient sur le Judaïsme et sur les Juifs, perçus comme radicalement étrangers.
Et chacun sait le rôle trouble, irresponsable que les médias jouent dans cette triste affaire…
Attiser de telles passions, jeter sur leur brasier de l’huile me paraît dangereux et particulièrement malvenu, quand bien même serait-ce au nom d’une « liberté d’expression » qui, en pareil cas, blesse et agresse tout à fait gratuitement bon nombre de gens qui n’ont pas du tout, de leur religion, une vision violente ni terroriste.
Quand en aurons-nous fini d’agiter des épouvantails ?
Stigmatiser une foi toute entière, cela ressemble à quoi ?
Et que penser de cette façon – éminemment « supérieure » - de pointer, au travers de leur croyance religieuse, des individus et des communautés prises dans leur ensemble comme « obscurantistes », donc digne de mépris, à l’heure où, précisément, la xénophobie est en train de monter en flèche et où les vieilles notions aux relents coloniaux de « civilisé contre arriéré » reprennent allègrement du poil de la bête ?
Ceci posé, et bien posé, je précise qu’il va également de soi que l’on ne peut en aucun cas admettre et justifier des actes tels que la destruction du siège du journal Charlie Hebdo.
P.L