« Que celui qui lutte avec des monstres veille à ce que cela ne le transforme pas en monstre. Si tu regardes longtemps au fond de l’abîme, l’abîme aussi regarde au fond de toi.” Du Nietzsche dans le texte, extrait de « Par delà le bien et le mal » et cité en ouverture du film. Comme quoi tout est possible avec les coréens , et particulièrement avec Kim Jee-Woon, qui ne recule devant aucun sacrifice pour ausculter au plus profond l’âme de deux ignobles individus, engagés dans une guerre à outrance.
L’un, Kyung-chul serial killer, pour avoir tué atrocement la fiancée de l’autre, le garde du corps Kim Soo-hyeon. Il jure de le faire autant souffrir que la jeune femme a souffert. Une chasse à l’homme, s’engage, impitoyable, et à l’issue tout a fait incertaine. Car une fois en possession de sa proie, et après l’avoir bien torturée, le chasseur la relâchera. Comme le chat avec la souris.Pour mieux la voir souffrir et la faire encore souffrir.
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Autant prévenir les âmes sensibles que le sujet est à éviter. Personnellement j’ai dévié plusieurs fois mon regard devant des images insoutenables, d’une violence sans limite. Le making of a beau gommer cette impression d’ultime carnage, le réalisme de la mise en scène est d’une indéfectible vérité.
Une fois la chose entendue, est-elle acceptable ? La réponse, je vous la fais à la normande. La répétition des scènes de torture, l’acharnement sadique du jeune homme et le plaisir avoué de ce mal qui vous fait du bien (Choi Min-sik a la gueule de l’emploi), n’apportent pas grand-chose à l’œuvre cinématographique.
Mais la réalisation de Kim Ji Woon est d’une efficacité diabolique. Il imagine sa mise en scène telle une symphonie et ses mouvements alternés. Certaines scènes anodines, prennent subitement des envolées meurtrières. La tension alors inexistante est maintenant un véritable appel à l’aide. Qui vous conduit au bout de l’horreur et d’une complaisance malsaine.
Ce qui me met très mal à l’aise .Au voyeurisme d’un tel déballage de viande fraîche, je préfère l’introspection psychologique de « Seven » et la suggestion angoissante ressentie dans « Le silence des agneaux ». A chacun ses films ….
LE MAKING OF
Il ne s’embarrasse guère de commentaires et montre plusieurs séquences depuis la caméra. L’ambiance est plutôt décontractée, notamment sur des scènes qui à l’écran sont d’une violence inouïe. Il faut bien décompresser avant d’envoyer la pression …
« Deux hommes se torturent au nom d’une certaine idée de la vengeance, et j’observe alors l’énergie primitive qui surgit du clash entre la folie furieuse et la démence glaciale. » relève Kim Jee-woon.
Choi Min-sik de retour de son auto-exil (il protestait contre les quotas en Corée) incarne le Mal absolu « Pour l’interpréter, j’ai essayé de faire sortir ce qu’il y avait de plus ignoble en moi, d’extraire les comportements les plus sombres, violents et démoniaques. Il était difficile de jouer quelqu’un qui ne ressent aucune culpabilité, qui n’éprouve aucun regret pour les atrocités qu’il commet », confie-t-il.