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A Cannes, Sarkozy vise la Palme du narcissisme

Publié le 04 novembre 2011 par Juan
A Cannes, Sarkozy vise la Palme du narcissisme Sarkozy en voulait à Papandreou, mais s'en fichait de la Grèce. Il pleuvait, à Cannes, pour ce G20 plombé par la crise grecque. Nicolas Sarkjozy voulait coûte que coûte réussir son show. Peu importait les résultats concrets, le Monarque s'adressait aux Français. Il fallait qu'on le voit donner des leçons, lancer ses injonctions, prodiguer ses conseils.
Il était sur la Croisette, celle du Festival de Cannes.
Sa propre tribune avait été dressée sur la scène du Palais, où l'on délivre chaque année en mai des Palmes d'or. Et cette année, il avait bien l'intention de l'obtenir pour lui.
Sus à la Grèce !
La Grèce fut donc « sommée » de s'expliquer. La réunion, mercredi soir à Cannes, entre les dirigeants européens et leur collègue grec George Panpadréou, fut paraît-il « tendue », à en croire le compte-rendu d'Arnaud Leparmentier. Quelques heures plus tard, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy montaient sur une gigantesque tribune dressée pour le G20 pour annoncer les décisions du moment. « Ultimatum », « sommation », le vocabulaire était militaire, ce jeudi matin, pour relater cette séquence d'ouverture du G20.

Georges Papandreou avait peut-être évité un coup d'Etat militaire dans son pays. Il n'évita pas l'impolitesse du couple Sarkozy/Merkel ni l'austérité. Vers le 4 décembre prochain, les Grecs auront le choix entre l'austérité imposée ou l'austérité approuvée. Triste choix pour un triste sort. Paradoxalement, Papandreou a rendu un fier service à l'eurozone.
Notre confrère Mecialex rappelait l'interminable liste des efforts de rigueur imposés au pays: augmentation des impôts, allongement des durées de cotisations retraites, non-remplacement de neuf fonctionnaires sur 10, hausse de la TVA, etc. Il n'était pas difficile de comprendre que la tâche était ardue, que l'opposition serait forte, que les réactions seraient violentes. L'opposition de droite, alliée à l'UMP de Sarkozy et à la CDU de Mme Merkel au Parlement européen, n'a d'ailleurs cessé de jouer les hypocrites pour mieux récupérer le maroquin ministériel. Un peu plus tard, jeudi à Cannes, Sarkozy s'excusa même de toute ingérence dans les affaires intérieures grecques. Qui est courageux ? « Je n'ai pas à m'insérer dans le débat politique grec qui est déjà assez compliqué comme ça ».
Que dire de Goldman Sachs, la banque qui conseilla la Grèce - alors sous gouvernement conservateur - pour s'endetter encore davantage et mentir sur son bilan, la banque qui fut l'employeur du nouveau patron de la BCE ? Bref, la situation grecque est évidemment bien plus complexe que la présentation, comme souvent caricaturale, que Nicolas Sarkozy en fit ce mercredi soir à Cannes.
Sarkozy grossier
Notre Monarque fut brutalement discourtois, grossièrement énervé comme un gamin contrarié. Il fallait l'écouter, les mains agrippant son pupitre, lisant son texte tout en levant de temps à autre la tête d'un regard accusateur: « nous voulons une réponse qui soit ferme, coordonnée et définitive, qui passe par les décisions qui ont été adoptées le 27 octobre à Bruxelles à l'unanimité des 17 pays de la zone euro. » Puis vint le mépris : « nous sommes prêts à aider la Grèce, car la solidarité est à la base de la construction européenne, .... comme l'est aussi le principe de loyauté. Mais cela implique que la Grèce de son côté remplisse ses engagements. » Papandréou était prévenu. D'ailleurs, il n'avait pas été convié à cette explication publique.
Retenons la séquence: Merkel et Sarkozy, le fameux couple surnommé « Merkozy » avait « convoqué » le premier ministre d'un Etat souverain, le firent attendre deux heures avant de le recevoir dans un salon cannois. Puis, l'explication/engueulade étant passée, le couple Merkozy déboula devant les journalistes pour 22 minutes de leçons... et de menaces : la 6ème tranche de l'aide décidée le 27 octobre ne sera versée à la Grèce que lorsque « toute incertitude aura été levée ». La démocratie est une incertitude insupportable pour les marchés... et notre Monarque.
« Compte tenu de la gravité de la situation, nous lançons un appel pour qu'un consensus politique puisse être rapidement réuni en Grèce. (...) S'agissant du référendum qui a été annoncé, il est clair à nos yeux que le principe d'en appeler aux peuples est toujours légitime, mais il est clair également que nous ne pouvons rester dans une situation d'incertitude prolongée. (...) il est clair que la question qui se trouve posée, c'est celle de l'avenir européen de la Grèce. La Grèce veut-elle ou non restée dans la zone euro ? »

Jamais, ni là ni ailleurs, Nicolas Sarkozy n'eut-il un seul mot de compréhension à l'encontre de Georges Papandreou. Il est comme ça, Nicolas. Il est mauvais joueur et égoïste.
Le Festival de Sarko-Cannes
Jeudi, le lendemain, le premier ministre grec acceptait son sacrifice personnel: s'il obtenait un vote de confiance au prochain référendum, il se retirerait. En France, notre petit président français pouvait ouvrir son show cannois, le G20. A le voir se précipiter accueillir les uns, faire semblant de converser avec les autres quand il marchait dans les couloirs (qui a besoin de faire des messes basses en public à ce niveau de responsabilité ?), on comprenait l'importance toute narcissique, presque infantile, que Sarkozy accordait à ce conclave des ex-plus riches du monde.
Après le ratage grec, il y eut la boutade américaine. Barack Obama eut une façon toute personnelle de saluer la naissance de la petite Giuila Sarkozy, au papa Nicolas déjà âgé: « Je suis sûr que Giulia a hérité du physique de sa mère, plutôt que de celui de son père, ce qui est une très bonne chose ».
A la fin de sa première journée cannoise, pourtant sans aucun résultat concret sur les sujets du moment, Nicolas Sarkozy tenait « sa » conférence de presse, tout seul pour une grosse vingtaine de minutes. Il était chez lui, c'était son Festival de Cannes. Il était d'ailleurs dans la grande salle Lumière du Palais des Festivals, celle-là même où se déroulent toutes les grandes projections officielles, en mai de chaque année, et les cérémonies de palmarès des Festivals cannois. « Une si grande scène pour un si petit homme... » commenta Cyriel Martin, journaliste au Point.
Sarkozy n'avait pas grand chose à dire, mais il était seul sur l'estrade, et c'était sans doute ce qui comptait. Ainsi, « l'essentiel des débats furent consacrés au sujet de la zone euro, nous voulons aller très vite dans la mise en place du FESF », nous le savions déjà. « S'agissant de la Grèce je dirais simplement que les choses progressent, nous suivons la situation avec beaucoup d'attention. Le message adressé à l'ensemble de la classe politique grecque hier a facilité une prise de conscience qui, si elle est confirmée, sera saluée unanimement ».
Il répéta ensuite son agenda, pourtant déjà disqualifié. La France est ainsi favorable à une taxe sur les transactions financières internationales: « Je suis persuadé qu'elle est techniquement possible, financièrement indispensable et moralement incontournable ». Mais, et nous le savions déjà, « il n’y a pas consensus, certains pays y sont très opposés ». Le projet est planté. Sarkozy avait aussi quelques portes ouvertes à enfoncer: « les pays les plus pauvres ne peuvent être les victimes de la crise une deuxième fois ». mais Sarkozy avait besoin de se refaire une bonne conscience devant quelques journalistes. A Paris, son premier collaborateur Fillon recevait les banques françaises pour leur demander, une nouvelle fois sans effet depuis 3 ans, de modérer leurs ardeurs en matière de bonus des traders. 
Evidemment, il dût reconnaître qu'il doutait de l'application d'un réel plan de rigueur en Italie. Silvio Berlusconi, l'ancien meilleur ami transalpin de notre Monarque, avait promis des mesures d'austérité. En vain. Son prétendu conseil des ministres d'urgence, mercredi soir, n'avait rien donné, malgré un « ultimatum » du couple Merkozy. Il y a 10 jours, Sarkozy avait moqué son ami Berlusconi. Ce jeudi à Cannes, il était déjà plus indulgent: « Je veux dire ma confiance dans l'économie italienne, une des plus fortes du monde ».
Nicolas Sarkozy avait davantage d'attention pour Hu Jintao, le président chinois, à qui l'Europe espère soutirer une centaine de milliards d'euros pour son Fond Européen de Stabilité Financière. Rien que ça. Mais jeudi, il n'avait rien à annoncer: « il faut mettre d'accord beaucoup de gens ».
Un vrai bordel
Ah ? Mais pourquoi cette intervention prématurée ?

En coulisses, on savait que la situation était plus grave, moins solidaire, plus déchirée. Barack Obama a demandé à ce que le FMI renforce son rôle, et non le FESF (« Nous avons besoin de construire une enceinte de protection. Le FMI doit avoir un rôle de soutien important » ). La présidente brésilienne s'est inquiétée de l'impact de la crise européenne sur le commerce mondial.
L'eurozone n'est plus crédible, mais Sarkozy s'agite.

Seule surprise de la journée, il n'a pas fallu attendre 24 heures depuis la fin du mandat de Jean-Claude Trichet à la tête de la Banque Centrale Européenne pour que cette dernière annonce une baisse de son taux directeur, ce qui dopa les valeurs bancaires en Bourse. 
A Paris, on apprenait que les dépenses de communication de notre Monarque avaient encore dérapé, 50% d'augmentation depuis le début du mandat Sarkozy. Bel effort ! La Cour des Comptes, auteure de l'alerte, n'avait pas encore inclus les dépenses de ce sommet cannois.


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