De Cette Condition de Pêché Charnel

Publié le 04 novembre 2011 par Hunterjones
Mégane choisissait ce matin-là de sortir de prison.
En effet en se levant le matin, au moment de bâiller elle en profitait pour hurler et ce sentiment lui avait procuré un gros effet de libération.
Non, elle ne travaillerait pas aujourd'hui. Ce serait occupy yourself dans sa vieEn voulant honorer la beauté naturelle, elle ferait fi des arrangements traditionnels: le maquillage, le séchoir, la pâte à cheveux. Célibataire et femme d'affaire, à qui, aujourd'hui devait-elle vraiment plaire? Sinon à elle même. Et libre de toutes contraintes, elle devait commencer par se libérer de la toute première chaîne du jour, celle qui la cloisonne dans la salle de bains pendant des heures devant le miroir et qui la force à se regarder sous tous les angles.
Après s'être brossé les dents et avoir fait le strict minimum hygiènique au lever, c'est parfaitement décoiffée qu'elle a quitté la maison, pas maquillée, pas arangée pour aller se chercher un bon livre à la bibliothèque qu'elle lirait sage, de la première à la dernière page.
"Pourquoi ne pas mettre le plaisir au coeur de notre existence?" se demandait-elle. Elle lirait aussi tout ses blogues maternels qu'elle affectionne. Elle n'était pas mère encore, pas même amoureuse, et ça la gardait quand même heureuse. L'amour est surévalué pensait-elle. On peut être attiré mais aimer tout le temps? ça n'arrivait même pas avec ses propres parents! Mais aimer son enfant...et lire tous ses blogues qui parlent de maternité, qui parlent famille, unie comme éclatée, ça lui donnait l'impression de lire une partie de son futur. Lequel serait-il? La mère mariée? la mère séparée? la mère partagée? la mère en tout cas, ça elle le sentait. Mais à 30 ans, elle n'en voyait pas le temps ni le moment. Ça prend d'abord un amant. Et ces galoperies avec Eric qui, les lendemains de leurs folles nuits, la faisaient courir en gambadant dans la prairie comme on courerait dans un film de fesses sur une musique tout en mollesse, représentait le minimum dont elle pouvait se contenter en termes de caresses.
Pas qu'elle était laide. Au contraire, les têtes se retournaient sur son passage si on était un homme. Les corps se cripaient et tombaient sur la défensive, si on était une femme en sa présence. Et c'est surtout pour ça qu'elle avait choisi ce matin là de ne pas s'arranger du tout.
"Lorsqu'ils me regardent, ils me désirent, lorsqu'elles me regardent, elles m'envient, mauvais effet de par et d'autres, ce serait bien qu'on me regarde aujourd'hui pour les mauvaises raisons" pensait-elle. Si elle avait été un homme, elle se serait laissé pousser une moustache pour coincider avec le mois de Movember. Question de s'enlaidir. C'était tout de même un beau problème, un problème de riche que de choisir avec plaisir de s'enlaidir.
Sans trouver la lecture qu'elle souhaitait trouver, elle croiserait autre chose sur le chemin de l'aller tout comme sur le chemin du retour. Des regards hagards, d'abord porté sur le compte du débraillement général de son allure. Mais rapidement elle notait que c'était des regards d'hommes qu'elle croisait surtout. Le type de regard qu'un homme porte sur une femme dans un bar avant de se l'imaginer à l'horizontale. Elle se rappelait soudainement qu'Eric lui avait déjà confié un secret de garçon: les hommes aiment toutes les filles aux cheveux décoiffés car si elles sont belles, elles sont aussi belles les cheveux décoiffés, cheveux qui ne sont qu'accessoires surplombant un beau visage et quand on vient de faire l'amour avec passion, c'est aussi une belle tête ébouriffée qui se présente souvent à eux. Une tête de cheveux mouillés recrée aussi cette sensation visuelle et passionnelle. Mégane était prisonnìère de ce qu'elle dégageait: une condition de pêché charnel.
Plus elle marchait, plus elle sentait que les regards des hommes au volant de leurs voitures qui étaient posés sur elle, étaient en fait posé sur ses cuisses. "Pourquoi les hommes sont-ils tout le temps à "On"" se demandait-elle. "C'est bien d'être désirée par les gens mais même les poires pochées donnent-elles envie de manger?" Elle qui avait tout fait pour n'avoir l'air de rien avait quand même réussi à attirer le besoin. Ça la rendait fière mais triste aussi. Pourquoi tout ce chichi autour du zizi? Faire l'amour c'est toujours bien mais selon les heures et les humeurs. Pas sur commande. Elle ne souhaitait en rien se présenter en offrande. Au contraire, cette journée était pour elle, ce n'était pas une visite au zoo.
Ayant de plus en plus l'impression de circuler en sous-vêtements sur une scène qu'elle ne convoitait pas, Mégane, fût saisie soudainement d'un peu de panique. Cette frayeur de la fille qui rentre tard le soir du travail et qui flaire de manière paranoiaque le potentiel maniaque qui suit peut-être derrière. La distance entre son chez eux et la bibliothèque représentait à peine quelques pâtés de maison, mais le trajet lui paraissait si long. En accélérant le pas et sans complètement s'en rendre compte, elle se mit à courir. "Je pourrais être en train de courir après mon bus, de me rendre en tout hâte à un rendez-vous, d'être en retard au travail, peu importe ce que l'on croit, je pourrais être préssée à courir comme une gazelle dans la ruelle" pensait-elle, retournant sans trop le réaliser dans la prison de ce qu'autrui pourrait penser. "Je me demande si on me regarderait ainsi si je poussais une poussette?" pensa-t-elle en se remémorant de visiter ses sites de mères blogueuses.
"Et si tout ça ne se passait que dans ma tête?" pensa-t-elle à nouveau.
Une fois chez elle, elle ne su plus quel uniforme de prisonnier enfiler.
"N'existe-il que ses yeux masculins pour nous regarder?" commencait-elle à se demander.
"Tout ira bien" pensa-t-elle
"Je suis libre, tout ira bien"