Antunes - Martin © Dupuis - 2010
Tom vit sur la route. Ce fermier américain a tout perdu durant l’année 1929 : sa femme, sa ferme, sa fierté. Il est donc parti, prolongeant toujours plus loin dans l’espoir de trouver du travail et d’oublier la dure réalité.
Mais un jour, un jeune garçon l’interpelle : « Je crois qu’on va dans la même direction… alors j’ai pensé qu’on pourrait faire le chemin ensemble ». L’homme nie, rejette la proposition de l’enfant et poursuit son chemin à la recherche de ses chimères. Une quête semée d’embuches. Dans cette Amérique saignée à blanc par la crise de 1929, les étrangers ne sont les bienvenus nulle part. Tom va l’apprendre à ses dépens. Quelques rencontres fortuites ponctuent sa solitude, il rencontre ainsi un homme à l’agonie, Tom le conduit à l’hôpital. Rapidement, les deux hommes se lient d’amitié au point. Son ami lui tend une photo de son fils et demande à Tom de l’aider à retrouver l’enfant disparu depuis plusieurs semaines. Tom y reconnait le jeune garçon qui sollicitait sa compagnie. Tom refuse, hésite et finit par accepter cette responsabilité.
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J’avais eu l’occasion de lire de bonnes critiques sur cet album. Je l’ai acheté il y a plusieurs mois déjà. Jusque-là, je me contentais de le feuilleter et la vision de ses planches aux ocres délavés me privait de toute envie de lire cet ouvrage… Les thèmes abordés suffisent à décrire le sérieux de cette histoire : crise financière, chômage, misère, racisme, ségrégationnisme, lynchage, état policier, errance… On est ici aux antipodes du rêve américain tant de fois décrit dans les œuvres littéraires et/ou cinématographiques.
Wander Antunes parvient rapidement à mettre en place les bases de son scénario : un contexte social agressif, des paysages arides et une ambiance austère servent de décor. En premier plan, un homme frustre, désillusionné et affichant un certain dégoût de la vie tente de survivre… un état d’esprit que le lecteur ressent pleinement. Malgré tout, j’ai trouvé ce récit saccadé, comme s’il cherchait son rythme ; une impression qui me quittera dans le dernier quart de l’album. On passe d’un événement à l’autre sans disposer de réelles transitions. Certains passages n’apportent aucune valeur ajoutée à l’album ; ils se contentent d’enfoncer le personnage dans une sorte de misérabilisme et de repli sur soi tout en accentuant l’aspect agressif de l’environnement dans lequel il évolue. Par exemple, je cherche encore quelle est l’utilité de la conversation que l’on suit durant sa garde-à-vue. Ce passage brouille les pistes avec un personnage secondaire qui s’évapore au bout de quelques planches. Ces détours narratifs m’ont parfois perdue… j’ai un gros grief à l’égard du rythme saccadé de l’histoire. La conséquence directe : je n’ai ressenti aucune empathie pour le personnage principal jusqu’à ce que je le vois épuisé, affamé et sujet à des hallucinations. Pour moi, les 56 premières pages de l’ouvrage ne sont qu’une longue (et pénible) introduction à la métamorphose tant attendue de cet homme.
Le traitement graphique en revanche dispose d’une réelle consistance. Il sert de liant à ce drame humain qui se déroule sous nos yeux mais son aspect défraichit (délavé) n’aide pas le lecteur à s’investir aux côtés du héros. Les couleurs sont fades : beaucoup de jaunes (poussiéreux), de gris (moroses) et de bleus (très froids) complètent les illustrations. Quelques touches éparses de couleurs vives s’immiscent dans certains passages et tonifient l’univers. Leur présence incongrue matérialise le rêve et l’espoir de changement… mais elles sont trop rares !
L’avis de Ginie, Choco, Joelle, Mango, Noukette, Phil.
Extraits :
« Comme tant d’autres, je ne suis qu’un fantôme errant sans but sur ces chemins tristes et poussiéreux » (Toute la poussière du chemin).
« Écoutez, je ne sais ce dont cette crise vous a délesté. Votre argent peut-être… votre amour-propre… Mais je suis sûr d’une chose : elle ne vous a pas ôté un gramme d’humanité ! » (Toute la poussière du chemin).
« Vous savez, maintenant que j’en ai marre de me battre et qu’j’ai perdu tout ce qui m’restait d’orgueil, j’vais aller en ville mendier une assiette de soupe ou un morceau d’pain » (Toute la poussière du chemin).
Toute la poussière du chemin
One Shot
Éditeur : Dupuis
Collection : Aire Libre
Dessinateur : Jaime MARTIN
Scénariste : Wander ANTUNES
Dépôt légal : mars 2010
Bulles bulles bulles…
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–––Toute la poussière du chemin – Antunes – Martin – Dupuis – 2010
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