Après la réussite des Primaires, François Hollande se trouve dans une phase plus calme où il va pouvoir peaufiner sa stratégie de campagne et le projet politique de son parti. Les attentes du "peuple de gauche" sont importantes. Le risque est donc grand de voir la montagne accoucher d'une souris politique insignifiante.
En effet, la social-démocratie, partout dans le monde et en Europe, déçoit et peine à construire des projets politiques crédibles. Francois Hollande prend les mêmes risques. C'est ce qu'exprime le concept dangereux de "gauche molle", concept à double visage et à double danger:
-soit la mollesse exprime une sociale démocratie gestionnaire qui se contente de politique keynesienne par la relance et les dettes. On sait où cela nous a mené: croire que les Français attentent la distribution de cadeaux pour voter pour le P.S. serait une grave illusion qui serait faire injure au sens de justice et de réalisme des citoyens de ce pays.
-soit la mollesse signifie ne pas "taper" sur les richesses et les privilèges. On se doute bien que, devant les abus de certains privilégiés, il fasse faire preuve de justice sociale et de davantage d'équité fiscale. L'idée de "gauche molle" exprime donc bien la peur que la sociale-démocratie de Hollande ait peur de faire cet indispensable "travail".
Mais Hollande court le risque de ne "faire" que cela: une courte gestion des cadeaux à son électorat et une politique de rattrapage des injustices accumulées.
Or la France, et l'Europe, ont des problèmes structurels de fond sur lesquels les Français attendent une politique énergique et surtout innovante et pertinente.
Les problèmes accumulés dans les crises économiques mondiales, dans les dettes, les injustices et les inégalités, réclament des idées plus ambitieuses.
Prenons l'exemple du Nucléaire : ayant lu les sondages exprimant une majorité en faveur de la sortie du nucléaire, le PS et Hollande expriment une position médiane qui se veut "réaliste". Avec le risque de voir, les élections gagnées, le naturel des technocrates du PS et des lobby du nucléaire prendre le dessus.
Au nom du "il faut sauver le soldat Areva", on pourra alors oublier les promesses de campagne et continuer une politique désastreuse à terme.
Il faut le dire haut et fort: on a l'habitude en France de prendre pour exemple l'Allemagne et les pays scandinaves, les premiers pour leur "réalisme" économique, les seconds pour la qualité de leur politique sociale. On oublie l'"autre" atout de ces européens du nord: leurs convictions écologiques. Ces pays ont développés, bien avant nous, des politiques écologiques : peu ou pas de nucléaire, une fiscalité écologique plus importante, des politiques réglementaires plus strictes.
Or, en cette période de crises économiques et écologiques, cette différence se transforme en atouts économiques, en matelas anti-crise. Ainsi, la politique d'énergies renouvelables en Allemagne a permis de créer 600000 emplois quand nous en avons créé que 100000 dans ce secteur. Ainsi, les pays scandinaves sortent progressivement de leur dépendance aux hydrocarbures cherchant l'autonomie énergétique, quand nous en sommes encore à plus de 50 milliard de déficit de balance commerciale par an à cause du pétrole.
La "gauche molle", cela peut donc être cela aussi : avoir une politique environnementale de bas niveau, qui fasse illusion la première année de la présidence Hollande, une sorte de Grenelle de l'environnement de gauche, avec les mêmes défauts : laisser les technocrates et les lobby prendre le pouvoir et tuer les réformes innovantes indispensables au nom du réalisme et du pragmatisme.
Hollande, ne t'endort pas, ou plutôt, ne te laisse pas endormir par les sirènes du conformisme politique!