Les habitants les plus dépendants et les plus éloignés des îles Marquises et Tuamotu pourraient subir une troisième peine : l’isolement. La décision d’Air Tahiti est brutale et elle survient sans avoir pris en compte les avis, les besoins de ses clients depuis des années. Manque de considération, brutalité ont plongé les habitants de ces îles dans le désarroi. Ces îles qui étaient peu touchées par la crise le sont désormais de plein fouet. La desserte de leur île n’est plus compensée par le poumon touristique de Bora-Bora.
Alors pour secourir un poumon qui s’essouffle et garder l’activité sur ces îles éloignées, il faut parer au plus urgent :
400 millions de FCP : voilà le montant de la subvention que le gouvernement pourrait accorder à Air Tahiti pour que la compagnie continue à exploiter les 6 lignes déficitaires des Marquises Nord et des Tuamotu. 400 millions de FCP c’est le prix du Twin Otter que l’Etat français a mis à disposition d’Air Tahiti en 2003 aux Marquises. Soit 3,5 millions d’Euros.
Le gouvernement a lancé un appel d’offres pour assurer ces dessertes qui s’est révélé infructueux. Si nous réussissons à garder ces lignes actives, de l’avis des clients, des économies sont possibles et nécessaires :
L’avion qui dessert les Marquises Nord est basé à 150 kilomètres de distance, aux Marquises Sud. Si l’on prend comme référence le prix à l’exploitation « Armée », c'est-à-dire hors personnel, le prix à l’heure de vol du Twin Otter est de l’ordre de 1600 euros/hre carburant, dépannage, pièces détachées et maintenance compris. Cela donne sur 8 ans d’exploitation, 4,6 millions d’euros (hors intérêts et hors personnnel) rien qu’en transfert quotidien de l’avion à vide pour rejoindre son point de départ. Rien qu'en déménageant le Twin Otter à sa base, on pourrait économiser au moins 500 000 euros par an soit environ 60 millions de FCP, soit 1/6ème de la subvention demandée par Air Tahiti. Vraiment, il est temps de penser autrement, d'économiser ce qui ne sert à rien. Si le robinet fuit, il faut regarder d'où vient la fuite avant de rafistoler le robinet ou pire, comme certains, de le détruire.
Dans le même ordre d'idée, les dessertes sont quotidiennes sur des îles comme Ua Pou. N’est ce pas trop ? Restreignons mais ne coupons pas.
La réservation est souvent fermée des semaines à l’avance alors que l’avion se révèle peu rempli le jour dit. Ce décalage dans les réservations représente un manque à gagner certain pour AIr Tahiti.
Les réglementations en vigueur exigent des normes de sécurité disproportionnées. Ne peut-on assouplir ces règles qui sont l’émanation directe de règles métropolitaines qui régissent des trafics bien plus importants ? Certes, la taxe sur la sécurité de 13 euros est prélevée sur le prix du billet mais cela revient à augmenter le coût de la destination. Il est temps d'assouplir des règles qui nous étouffent. La sécurité est nécessaire mais quand elle devient une obession, elle entrave notre liberté, notre réactivité car à chaque pas hors du chemin clignote le signal d'alarme. Si au contraire, nous restons dans le droit fil sécuritaire, aucune opportunité ne gêne notre progression qui, en ce monde changeant, mute en immobilisme puis en perte.
Plus grave et plus inquiétant : ces six dessertes sont les premières à subir la forte baisse de la fréquentation touristique. Le poumon de Bora-Bora s’essouffle et les nouvelles pourraient être plus catastrophiques si l’on n’arrête pas l’hémorragie. Il faut ventiler ce poumon. Ouvrir les vannes au lieu de les claquemurer comme s'échine à faire le ministre du tourisme e prônant son délire de décolonisation.
Si le prix du baril augmente, la crise mondiale n’explique qu’en partie la descente aux enfers du tourisme en Polynésie. Ne nous donnons pas de mauvaises excuses. Le tourisme se porte bien au niveau mondial et notamment dans des zones proches comme les Fidji. D’autres destinations comme la Nouvelle-Calédonie tirent leur épingle du jeu, ce qui nous force à une certaine humilité.
Si une fois que les touristes viennent en Polynésie ils font part de leur grande satisfaction, encore faut-il qu’ils viennent. Pourquoi ne viennent-ils plus ? Qu’est ce qui ruine les efforts des professionnels du tourisme pour attirer et satisfaire leur clientèle ? Qu’est ce qui sous-tend la colère des habitants des Tuamotu et des Marquises ? C’est qu’ils ne veulent pas être les premières victimes d’une politique qui prône le retour en arrière : La politique déplorable de décolonisation menée par le Ministre du tourisme, Oscar Temaru. L’instabilité a épuisé les forces vives polynésiennes mais la politique de décolonisation pourrait être le coup de grâce en semant de part le monde la pire des publicités pour le territoire. Elle fusille le moral des polynésiens et ternit l’image exceptionnelle de la destination Polynésie française.
En ces temps agités, les touristes veulent la paix.
Une paix que voudraient retrouver les habitants des Marquises Nord et des Tuamotu. Car ne nous nous méprenons pas. En les défendant c’est la Polynésie que nous défendons, une Polynésie fatiguée des luttes fratricides, une Polynésie prise en otage qui n’a pas les moyens de bouder le monde, une Polynésie qui veut bien se restreindre mais que tous participent à l’effort.