Il n’est pas excessif de
dire qu’en annonçant son referendum, Papandreou a jeté un sacré pavé dans la
mare, il aurait balancé l’Atlas dans la Méditerranée, l’effet aurait été le
même.
Il est amusant de voir qu’elles ont été les réactions à cette nouvelle,
elles sont sans surprise.
On a, d’un coté les dirigeants européens, Merkel et Sarko en tête, qui
accuse le premier ministre grec d’être à la fois sournois et irresponsable et
de l’autre tous ceux qui sont ravis à la perspective que le peuple grec rejette
massivement les efforts supplémentaires qui leurs sont demandés. Au milieu, on
trouve le PS qui faute d’avoir une conviction bien affirmée, profite de
l’occasion pour fustiger l’action de Sarkozy.
Il faut bien avouer, que les premiers ont quelques raisons de l’avoir en
travers de la gorge ce référendum. Ils se cassent le tronc à élaborer
laborieusement un plan, certes imparfait mais qui permettait de voir venir la
suite plus sereinement, et voilà qu’à peine le champagne débouché, boum, il est
foutu par terre par surprise et par ceux même qu’il était sensé
sauver.
Du coté de ceux qui applaudissent l’initiative de Papandreou, on trouve,
comme par hasard tous les anti-européens de France et de Navarre : Le Pen,
Mélenchon, Dupont-Aignant…évidemment, tous ces gens louent ces grecs, qui, déjà
pionniers en la matière, donnent des leçons de démocratie à tous les pays
d’Europe, ah ! que c’est beau !!!!!...c’est beau mais parfaitement faux
cul !
Faux cul parce que tous ces gens,pleins d'arrières pensées, jouent sur du
velours puisqu’il est évidemment difficile de remettre en cause le principe
même du referendum ou du moins de l’appel à la décision du peuple sans passer
pour un apprenti dictateur, et d’ailleurs personne ne s’y risque.
Pour autant, on est quand même en droit de considérer que, même s’il
« n’y a jamais d’excès de démocratie », il y a des manières plus ou moins
judicieuses de l’organiser. Or, tel qu’il a été annoncé, ce référendum
présentait deux tares qui font les délices de nos anti-européens convaincus
:
Je passe vite fait sur le fait que la moindre des corrections par rapport
aux autres européens, eut été d’annoncer ce référendum, avant que le plan ne
soit laborieusement élaboré. Mais ce n’est pas cela le plus gênant.
Tout d’abord, il était tardif (Janvier 2012) ce qui laissait 2 mois pendant
lesquels, aucune décision ne peut être prise et surtout, aucun financement ne
serait apporté aux grecs ce qui les met en position de faillite et
accessoirement déstabilise toute la zone euro.
La deuxième tare est propre au concept de referendum ou du moins aux
referendums qui appellent une réponse « oui » ou « non » à
une question complexe.
Ce type de scrutin binaire peut être sujet à toutes sortes de démagogies
populistes, l’expérience du référendum constitutionnel de 2005 en est la
preuve. En l’occurrence, le risque était grand que les Grecs se prononcent
uniquement contre les mesures d’austérité qui sont la contrepartie du plan de
financement de leur dette.
D’ailleurs si Papandreou a pris cette décision, c’est pour faire face aux
contestations de plus en plus virulentes de sa population, et accessoirement de
son opposition qui n’a aucun scrupule à tirer sur l’ambulance. C’est pour
pouvoir dire à son peuple, « c’est bien gentil de protester mais moi je
n’ai pas le choix, c’est tout ou rien, c’est l’austérité ou la faillite »
!
En clair, en répondant « oui » à ce référendum, beaucoup auraient
l’impression de s’interdire de manifester contre les mesures du gouvernement,
ce qui est, évidemment dissuasif. D’autant plus qu’il y en aura toujours pour
aller raconter que voter « non » c’est pas grave, que cela oblige
simplement le reste de l’Europe a trouver une autre solution qui ne pourra être
que plus favorable au peuple grec !...du gros pipeau !
Le risque est d’autant plus important si on ne pose pas une alternative
claire ! …or, la question qui devait-être initialement posée, c’est
quelque chose comme « La Grèce doit-elle donner soin accord au plan de
financement…. ? »
Répondre à cette question de manière pertinente, suppose que l’on connaisse
précisément, à la fois les conséquences d’un oui (l’application du plan) et les
conséquences du « non », ce qui n'est pas le cas, le jeu est inégal
!
Si les conséquences du « non » ne sont pas clairement définies et
exprimées de manière incontestable, le flou qui l’entoure paraitra toujours
préférable à la certitude des désagréments occasionnés par le « oui »
!
Il est beaucoup plus difficile d’assumer le choix d’un projet que son rejet
sans alternative !
Si ce référendum ne concernait que les grecs, qu’ils fassent les choix
qu’ils veulent, comme ils le veulent, personne ne viendrait leur contester,
mais ce n’est évidemment pas le cas !...les Grecs ne peuvent pas faire comme
s’ils étaient entièrement maitres de la situation, leur situation financière ne
le leur permet plus !
C’est pour cette raison que je considère la
réaction rapide de Merkozy comme tout à fait judicieuse. Ils ont obtenu de
Papandreou que la date soit avancée et surtout, qu’il annonce clairement,
quelles seront les conséquences du « non », et en l’occurrence que cela
signifiera une sortie de l’euro !
Ensuite, aux grecs, d’assumer leurs responsabilités en faisant leur
choix ! … la démocratie, ce n’est pas seulement la possibilité de dire
« non » et ensuite, démerdez vous, mais c’est donner la possibilité
de choisir entre 2 options claires !
Elle est là, la véritable leçon de démocratie que nous donneront les grecs,
s'ils vont au bout d'un référendum qui leur permet d'exprimer leur choix de
manière responsable. J'en viens d'ailleurs à souhaiter qu'ils le fassent ce
référendum, ce qui n'est pas gagné à cet instant, car qu'elle que soit leur
réponse, ils ne se seront pas contenté de dire non ou oui mais
ils auront dit oui et non (dans un sens ou dans l'autre)
!
J’entends d’ici certains me rétorquer que ce n’est pas un véritable choix
puisque c’est choisir entre la peste et le choléra !
Je dirais plutôt que c’est le choix entre une longue et sévère grippe et le
choléra, ce n’est pas idéal, mais c’est mieux que pas de choix du tout. Quand
aux autres options possibles, jusqu’à présent, je n’ai entendu personne
considérer sérieusement que les grecs pourraient s’en sortir grâce à un remède
homéopathique ou à une cure thermale et ceux qui le prétendraient ne seraient
que des menteurs !