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Un ton ferme

Publié le 03 novembre 2011 par Malesherbes

Au cours du second semestre 2008, la France assurait la Présidence de l’Union européenne. A ce titre, le chef de l’État français présidait le Conseil européen qui réunit, au moins deux fois par semestre, les chefs d’État ou de gouvernement des pays membres de l’UE. Il n’en a pas fallu plus pour que Nicolas Sarkozy se prenne alors pour le président de l’Europe et agisse comme tel.

Il vient de récidiver ces derniers jours, alors que les institutions de l’Union n’habilitent à s’exprimer en son au nom que les autorités suivantes :

- José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, le gouvernement de l’Union

- Herman van Rompuy, président du Conseil européen

- Catherine Ashton, haut-représentant  de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité

Je ne discute pas ici de l’intérêt des différentes interventions du couple franco-allemand. Je tiens simplement à souligner que ce n’est pas ainsi qu’une union d’États souverains peut fonctionner. Les institutions européennes actuelles ont des mécanismes de prise de décision très imparfaits. De par la règle de l’unanimité, chaque État peut bloquer l’union en s’opposant à une décision qui aurait l’agrément des vint-six autres, comme cela a failli survenir récemment avec la Slovaquie. Mais il est aussi extravagant de voir un couple d’États, quelle que soit leur puissance économique, s’ériger en donneur de leçons et parler au nom des vingt-cinq autres. Il est avéré que la Grèce a menti sur ses résultats. Mais, moins gravement, la France, et même l’Allemagne, ont-elles aussi pris des libertés avec les règles d’or de l’Union.

    

Le G20, qui vient de commencer à Cannes, regroupe des représentants de 19 pays, de l’Union européenne et de pays invités. Présidé par Nicolas Sarkozy, les sujets à y traiter ont été définis depuis longtemps et je ne suis pas certain qu’il puisse être entièrement consacré à débattre des difficultés de l’Union européenne. Si, en sa qualité de président de la réunion, Nicolas Sarkozy est habilité à s’exprimer à ce propos, par contre je ne vois pas ce qui, sur le plan institutionnel, permet à Angela Merkel de le faire en dehors des séances de travail.

Nous avons appris que Nicolas Sarkozy avait employé « un ton très ferme » avec Andréas Papandréou. Er de quel droit ? Accepterait-il lui, Sarkozy, président d’un État à l’histoire plurimillénaire, d’être tancé comme un gamin ? Et que penser des médias qui se permettent de  dire : « Papandréou est convoqué à Cannes », « Papandréou est sommé de ne poser qu’une question à son peuple » ou « Papandréou se fait remonter les bretelles » ?

Je viens d’entendre notre président faire gravement une déclaration sur la situation de la Grèce. Il a conclu qu’une éventuelle solution « serait saluée unanimement par tout le monde ». J’ai été rassuré. Quel homme d’État ! Comme il sait allier à merveille la hauteur de vue et la noblesse de l’expression !   


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