Cette histoire date un peu maintenant mais je trouve qu’elle mérite que l’on y revienne, d’autant qu’elle aurait, je trouve, mérité que l’on en parle plus.
Le patron de la BNP s’est fait interviewé par le quotidien Handelsblatt, un très sérieux journal allemand, courant septembre. Quand ils ont voulu publier leur papier quelques jours plus tard, la donne avait un peu changé, les marchés ayant encore fait quelques bonds entre temps. Les communicants de la banque ont donc demandé à revoir l’interview et, si je comprends bien, à réajuster quelques passages en fonction de cette nouvelle donne. Pourquoi pas, j’imagine que c’est classique dans de tels contextes…
Sauf que là, les communicants sont allés trop loin. Remaniant des passages entiers de l’interview, réécrivant ce qui était au départ un vrai travail de journaliste, renaclant à publier des informations pourtant donné à l’époque par l’interviewé… Bref l’interview avait perdu toute sa substance.
Lassée, la rédaction du Handelsblatt a alors riposté de manière très visible. Elle a effectivement publié l’interview en ne laissant finalement que les questions et en laissant de grands espaces blancs en lieu et place des réponses du patron de la BNP ! Le message était pour le moins clair ! Refusant de jouer le jeu de la banque et de ses communicants, les journalistes ont vivement protesté pour que ne soit pas mise à mal leur indépendance.
Je trouve cet exemple intéressant. On critique souvent les journalistes pour leur manque de transparence mais là, on peut saluer une forme de courage intellectuel. Non ?