Interrogé sur l’opportunité d’organiser un référendum dès lors que l’avenir d’un peuple est en jeu, le député UMP Bernard Debré a tenu à mettre en garde contre les dangers de la tentation populiste : « Si on avait fait un référendum en 1941, Pétain aurait gagné ». Une déclaration qui a suscité de l’intérêt à gauche comme à droite.
C’était censé être un off, mais le zinc de la buvette de l’Assemblée Nationale réverbère fort et loin et les oreilles traînant alentour ne sont pas forcément les plus fiables. C’est ainsi que la rumeur est née : l’auteur de l’inoubliable Tout savoir sur la prostate aurait traité les Français de nazis.
Rien n’est plus faux.
La famille Debré est certes connue pour ses propos parfois fantasques, mais on ne saurait oublier d’une part le passé de résistant de Michel Debré, père de Bernard, et d’autre part l’immense popularité dont jouissait le maréchal Pétain à l’époque.
En 1942, par exemple, soit un an après l’hypothétique référendum évoqué par le député, le premier prêtait serment au second.
Il faut à l’évidence voir dans la déclaration de M. Debré une simple observation historique qui n’implique ni l’intégrité des Français ni l’utilité reconnue du processus référendaire.
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La famille Debré est réputée pour un Tourette héréditaire rampant.
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La petite phrase a pourtant fait son chemin.
L’opposition s’en est tout d’abord emparée pour réclamer des élections anticipées, pensant pouvoir capitaliser sur le second lexème du national-socialisme et le supposé attachement des Français à celui-ci.
Une brève recherche documentaire a cependant mis en lumière les limites de la doctrine et M. Hollande a appelé à raison garder : « le nazisme n’est pas un mécanisme de sortie de crise viable ». Mme Aubry a pour sa part invité les adhérents du parti à refuser l’alignement systématique sur le modèle allemand.
Au sein de l’UMP, le collectif de la Droite Populaire a su en revanche intégrer la remarque de M. Debré comme un élément positif de construction programmatique : « l’élection du président de la République au suffrage universel, c’est un peu un référendum, c’est la rencontre entre la France et un homme », souligne ainsi Eric Ciotti, « et c’est encore mieux s’il s’agit d’un homme providentiel. Derrière la légèreté perçue de la formule, c’est une vraie stratégie qui se dessine. Bernard peut nous être d’une grande aide dans le combat qui s’annonce et nous l’invitons à nous rejoindre ».
Car si la majorité ne croit pas à la défaite, sinon à celle des instituts de sondage face à la démocratie, elle doit encore trouver les éléments de storytelling qui permettront d’accorder parfaitement son programme aux conditions du printemps 2012.
La grille de lecture pétainiste offre à ce titre une opportunité en or à l’UMP : « Nous le savons maintenant : l’économie sera morose l’an prochain, » indique Thierry Mariani, autre ténor de la Droite Populaire. « Nous avons du réviser à la baisse notre prévision de 12% de croissance, et nous devrions introduire les bons de rationnement en janvier, le gazogène en février, et il n’est pas exclu que l’armée allemande patrouille devant les agences bancaires en mars. Ce contexte, la France l’a déjà connu et a su, grâce au Maréchal, y faire face. L’Assemblée Nationale a adopté ces dernières années des mesures allant dans le bon sens, mais il faut aller plus loin. C’est pourquoi nous exhortons aujourd’hui le président de la République à signer notre charte, à se laisser pousser une moustache touffue et à venir nous serrer la main. »