Marko, Matty et nous.
Publié le 03 novembre 2011 par Stev
On vient de finir le très bon bouquin de Mark Tungate, Le monde de la mode On l'avait déjà lu il y a un bout de temps mais comme on est devenus aussi pauvres qu'une Cosette des Misérables, ben on ressort les vieilleries de la bibliothèque et c'est hallucinant de voir comme une seconde lecture après des années peut être totalement différente.On peut allègrement dire que Marko va certainement être notre bible de chevet à présent… ou comment il t'explique qu'on est vraiment des moutons sans âme ou plutôt sans cerveau.Ce qui est bien avec lui, c'est qu'il n'est pas dans la mode à la base, c'est un journaliste marketing et médias qui s'est intéressé à notre monde avec son œil tout plein de recul. Il a mené une enquête, retranscrite sans langue de bois, qui te donne envie de chialer. L'héroïne chic existe bel et bien mais ce n'est pas vraiment une tendance : Marko nous explique comment, derrière toutes nos marques adorées, il y a des équipes de quinze bouffons bardés de diplômes qui sont là pour nos rendre accrocs, par d'innombrables moyens subliminaux, à un commerce dont on n’aura jamais assez et avec lequel on finira de toute façon par se piquer en intraveineuse… À ne pas lire si vous n’avez pas un minimum de recul, vous allez vraiment gerber… Enfin, nous, là, on a vraiment l'impression d'être des gros cons. À vous de voir, alors. Matthew et surtout Joseph Velosa, son CEO qui intervient énormément dans le bouquin.Néanmoins, il n'égratigne pas tout le monde non plus et nous avons trouvé certains de ses exemples assez pertinents. Vu qu'on a carrément fait les putes avec les dernières
fashion week et leurs lots de designers foireux, on s'est dit qu'il ne fallait pas non plus être complètement cloisonnés… Alors, on a écouté Marko-Jésus comme le messie et on s'est intéressés à un Monsieur plutôt connu maintenant, dont il parle et retranscrit l'interview dans des termes plutôt bandants. Le petit Matthew Williamson est suggéré comme un designer qui garde encore la fraîcheur de la naïveté et qui veut créer des vêtements que les femmes ont envie de porter, pas pour se faire mousser.Le printemps - été 2012.En plus, il dégueule sur Saint Martins (Matthew, pas Marko), fait assez rare et plutôt marrant, ça lui donne du charme. Le problème, c'est que nous, Matthew, on l'a foutu à la déchetterie en mode "impossibilité de recyclage" depuis sa vieille et dégueulasse collection pondue chez le tout aussi dégueu géant suédois. Ah ! Mais on n’est pas que des pétasses prétentieuses non plus, on s'est interrogé ! On s'est gouré ou quoi ? Est-ce que Matty, c'est plus que du dégueulis ethnique sur de la soie multicolore portée par de vieilles it-girls sans métier fixe ? Eh ben, faut croire que oui, les gars ! On a bouffé ses deux dernières collections en long, en large et en travers, et on doit le dire, on doit l'avouer : Matthew gère plutôt bien sa barque.L'hiver...En effet, il habille la femme, il ne la déguise pas. Il propose des silhouettes efficaces au contenu envoûtant, attirant, laissant quelques détails pimenter une indéniable touche personnelle qui fait de lui un designer pouvant se prévaloir d'être international. Bien sûr, il reste toujours cette patte assez ethnique qui a fait son succès, mais elle est moins chargée que d'habitude, se veut plus urbaine, plus chic et surtout plus anglaise. Ce n’est pas pour déplaire parce que des fois, c'était limite hallucinogène. ... l'hiver de maintenant. Finalement, Matthew Williamson est un bon compromis, un vrai nom connu de tous, que la plupart des modasses pourront idolâtrer ET montrer pour rendre les copines jalouses, tout en ayant l'air de garder une intégrité assez rare pour une griffe de son envergure. Depuis deux saisons, il nous propose une jolie cohérence, autant dans sa signature que dans la fonctionnalité. C'est frais, c'est beau, c'est portable et c'est sincère tout en étant assez « maus costo » dans l'image internationale. Alors là, on sent qu'on peut se laisser aller à d’ultimes folies. Parce que oui, la cohérence artistique et commerciale d'un géant a un prix. Un prix qui est à peu près l'équivalent de la fin de la famine dans le monde pour une robe de soirée MAIS quitte à porter de la marque, de la vraie, autant porter celle qui paraît la plus intègre, quel qu’en en soit le prix. De toute façon, c'est pareil chez LVMH, alors… Si par chance on gagne un jour à l'Euro Millions et qu'on veut faire les malignes, on ira toquer chez Matthew Williamson.Par contre, ex-jolie beauté que tu es (il est un peu trop « botoxé » maintenant), tu ne nous refais pas le coup avec les Suédois ou qui que ce soit d'autre, parce que sinon, on appelle Marko et faudra pas nous la jouer "petit enfant naïf", ça ne marche qu'une fois. Même si, OK, on a saisi que c'était pour te faire connaître du grand public… Continue ton taf, Matty, tu files un bon coton… mais on t'a à l'œil ! Bien à vous.