La corruption prend de l’ampleur au Canada

Publié le 03 novembre 2011 par Fabien Major @fabienmajor

Soudoyer des fonctionnaires en faisant des affaires à l’étranger est une pratique courante, selon une vaste enquête réalisée auprès de milliers de chefs d’entreprises.

Transparency International vient de publier son nouvel indice de corruption des pays exportateurs (ICPE). Sans surprise, la Russie est toujours le pays champion du pot-de-vin. L’indice recense les pots-de-vin versés par des entreprises des principaux pays exportateurs à l’étranger, en vue de s’approprier des parts de marchés hors de leurs frontières. La Russie partage ce triste record avec la Chine, le Mexique, l’Indonésie, les Émirats Arabes Unis, l’Argentine et l’Arabie Saoudite.

Cependant, au sommet des pays les plus stricts et intègres, se trouve les Pays-Bas, La Suisse, la Belgique, l’Allemagne, le Japon, l’Australie. Le Canada est le pays qui a subi la pire dégringolade, Il est passé de la 2e place des pays les plus vertueux en 2008 au 6e rang, cette année. Il n’y a donc pas seulement la population canadienne et québécoise qui perçoit que la corruption prend de l’ampleur au pays. La communauté internationale des affaires l’a aussi observé. Pour arrivé à ce résultat, Transparency International a sondé 3000 hauts dirigeants d’entreprises dans 28 pays développés.

Sans surprise, on constate que la corruption fait littéralement partie des moeurs dans les secteurs de la construction, des travaux publics, l’immobilier, l’exploitation minière, gazière et pétrolière. Mais le droit, l’industrie pharmaceutique et les soins de santé ne sont pas en reste. À l’opposé, l’agriculture, l’industrie manufacturière de petite taille, l’aérospatial, les technologies de l’information et les services financiers sont les moins touchés par les tours de passe-passe et magouilles.

Selon l’organisme, dans l’ICPE 2011, les dirigeants de sociétés internationales signalent une pratique généralisée du versement de pots-de-vin à des fonctionnaires afin de remporter des appels d’offres, se soustraire à la réglementation, accélérer les procédures gouvernementales ou influencer l’élaboration des politiques publiques.

Pour la première fois, l’ICPE s’intéresse aussi à la corruption entre sociétés privées. L’indice révèle ainsi que les entreprises ont une propension presque comparable à verser des pots-de-vin à d’autres entreprises. Ces résultats suggèrent que la corruption est un problème non seulement pour le secteur public, mais aussi pour le secteur privé, comportant des risques financiers et de réputation majeure pour les sociétés impliquées.

La présidente de Transparency Internationale, Huguette Labelle déclare: « Il est clair que les pots-de-vin demeurent une pratique courante dans les relations commerciales de trop nombreuses entreprises, et pas seulement dans leurs relations avec les fonctionnaires. De plus, les sociétés qui ne parviennent pas à empêcher le versement de pots-de-vin dans leur chaîne d’approvisionnement courent le risque d’être poursuivies pour des actions imputables à leurs employés ou leurs partenaires commerciaux ».

Madame Labelle insiste pour rappeler aux participants du G20: « …Cette semaine à Cannes, ils doivent faire de la corruption transnationale un chantier urgent et prioritaire. Les nouvelles législations mises en place dans les pays du G20 offrent l’opportunité de garantir une économie mondiale plus juste et plus ouverte, créant les conditions d’une reprise durable et garantissant la stabilité pour la croissance future. Les gouvernements peuvent renforcer les progrès réalisés en allouant des ressources suffisantes aux organes d’enquêtes et de poursuites judiciaires, afin qu’il existe un réel effet dissuasif à l’encontre des comportements illégaux ou contraires à l’éthique »

l’Indice de Perception de la Corruption, qui classe les pays selon leur niveau de corruption perçue dans le secteur public, sera publié le 1er décembre 2011. L’enquête mondiale sur la corruption et les pots-de-vin a été menée en majeure partie par le groupe Ipsos et vérifiée par Ernst&Young.

Vous pouvez suivre le compte Twitter de Transparency International: @anticorruption ou visitez www.transparency.org