Alors que la Première Guerre mondiale s’achemine vers un armistice encore hypothétique, quelques têtes pensantes du gouvernement français mettent au point un incroyable plan afin de créer une ville nouvelle mais factice dont les traits, la géométrie et les édifices ressembleraient à s’y méprendre à ceux de la capitale. L’anecdote retrouvée dans un exemplaire de The Illustrated London News du 6 novembre 1920 et rapportée par le blog Science Books revient sur le projet un peu fou des autorités françaises de l’époque : un faux Paris à côté de Paris, une ville créée pour être bombardée !
Situation du "faux Paris" au nord ouest de la capitale
Coincé au nord ouest de la capitale, entre Cergy au nord et Maisons-Laffitte au sud, le faux Paris n’aurait valu son existence qu’à un but et un seul, celui de protéger sa grande sœur légitime plus au sud des attaques aériennes et des premiers bombardements allemands. Si l’idée prête aujourd’hui à sourire, il en était surement tout autre à une époque ou la technologie radar n’existait pas et ou les pilotes se repéraient d’abord à l’œil, envisageant leur cible d’un regard avant de larguer leurs bombes.
Comme nous le rappelle Science Books, peu importe que le subterfuge eut peu de chance de fonctionner, les ingénieurs français avaient déjà imaginé le décor et les moindres détails de la ville fantôme : La position des gares, correspondant à s’y méprendre à leur véritable situation parisienne, les rues plantées de lampadaires électriques, les usines et leurs cheminées… Reconstitué à l’identique de l’original, jusqu’à anticiper par sa situation le dessin des méandres de la Seine présents sur la capitale, le faux Paris n’est pas sans rappeler dans un autre genre le triste destin de Survival Town pensée et réalisée dans les années 50 en plein Nevada pour être détruite par un essai nucléaire…
Sur le plan du "faux Paris", les grands axes sont reproduits et l'organisation originelle de la capitale conservée
Si le faux Paris n’a jamais vu le jour il a pourtant, nous précise Science Books, dépassé le simple stade de la planification. Une petite partie du projet avait en effet déjà été réalisée alors que l’armistice se signait non loin de là, dans la Forêt de Compiègne. Pour s’en convaincre, l’article de The Illustrated London News rapporte la photo d’un champ de voiles lumineuses et de quelques cabanons supposés constituer aux yeux de l’ennemi, une représentation de la Gare de l’Est et de ses trains de voyageurs…
Source: Ptak Science Books (Illustrations: The Illustrated London News du 6 novembre 1920