(Attention : billet à haute teneur en questions.)
Un ami m'a fait remarqué que rares sont ceux aujourd'hui qui nous appellent, nous interpellent par notre prénom. Et c'est vrai.
Déjà bébé, ca commence. "Loulou", "Ma Puce", "Poussin"... Et certains continuent dans leurs relations amoureuses. "Choupinette", "Mamour", "Patate Douce", "Cocotte"...
Je suis tour à tour Lady, maman, ma chérie, Pénélope, Madame J., Raymonde... selon qui m'appelle : amour, enfants, parents, boss, clients, collègue.
C'est vrai, "on" nous appelle très rarement par notre prénom.
Pourquoi ?
Pourquoi ces appellations impersonnelles ?
L'autre fait-il peur ? Est-ce une sorte de déni d'identité ? Une façon de ne pas voir l'Autre comme un individu au même "titre" que soi ? De placer une sorte de hiérarchie ? Efface-t-on l'existence de l'Autre au profit de sa propre existence, pour se sentir plus fort ?
Ou tout au contraire est-ce pour installer une confidence (imposée), un rituel de l'intime afin de se sentir (et de se faire sentir) proche de l'Autre et ainsi créer une familiarité et sympathie (théoriques) ?
Et même nous, on a tendance à dire, au téléphone, à l'interphone... "C'est moi" au lieu de "C'est Anaïs". Et de plus en plus, on gomme notre prénom en nous surnommant nous-même par le choix d'un pseudo. On devient alors @Ladyblogue, @Zurg, @Bat00 ou encore @Sasatouitte.
Est-ce l’occasion de se recréer, de repartir de zéro, de gommer le poids de la généalogie ou de ses proches ; de se créer un autre Moi ? Est-ce une sorte de cache-cache avec soi-même ? Est-ce, à l'instar des célébrités qui s’inventent un nom de scène (Madonna, Zazie, Joey Starr...), pour avoir accès à une autre partie de nous-mêmes ?
Faites le jeu. Testez autour de vous, comptez le nombre de fois où l'on vous "appelle" réellement, par votre prénom. Vous verrez, vous serez étonnés. Et peut-être vous poserez-vous les mêmes questions que moi.