Et si demain, je perdais la vue, ce sens aïgu qui me pousse certains jours, certains matins à vous regarder simplement, à vous observer un peu plus, ou à vous analyser des talons à la tête sur votre mode.
Ne plus envisager ce monde esthétique autour de moi, mais uniquement le noir ou même un grand flou, pour ne plus pouvoir comprendre mon entourage.
Ne plus apercevoir avec sagacité, entre deux rayons de supermarché, dans la rue entre deux voitures, un collant opaque et vos bottes d'hiver, celles que vous portez aujourd'hui pour fêtre la pluie d'automne.
Ne plus confirmer votre esthétisme autrement que par mes pensées, toutes celles que j'ai converti en mots, en textes, en simples citations. Je ne serai plus qu'une part de moi, mais la plus belle, celles des rêves, avec quelques fantasmes idéalisés en plus.
Imaginer les coutures de vos bas, la coupe stylisée de votre robe, de votre jupe, de votre tenue du jour sous ce manteau épais, graphique en couleur ou pour moi en noir, avec quelques taches de blanc.
Ecrire avec mes mains, sentir et ressentir le beau et le sensuel avec juste le bouts des doigts sur un clavier, ou pire encore sur les petits plis de nylon, sur vos jambes. Ma ligne de braille, mon écriture en saccadé, mais si réelle, celle de mes paroles, car si la vue manque, les autres sens sont présents.
Vos féminités sont des sources infinies de variations, de bruits de matières en contact entre elles. De soyeux et de touchers un peu plus bruts, de cuir chaud, de sensations que le cerveau esthète peut apprécier suivant ses souvenirs, suivant vos paroles, suivant votre mouvements, votre tremblement face à un compliment.
Votre peau, l'ultime gourmandise, la derrière porte de votre vie de femme, de votre corps de femme, le graal de l'aveugle gourmet, juste pour ma main.
Nylonement