A force de le voir à la télévision et d’en entendre parler aux actualités (m’enfin monsieur, arrêtez de renifler le capot de ma voiture !), on a tendance à oublier que Frédéric Beigbeder est aussi un écrivain. D’ailleurs, à part 99 francs (judicieusement renommé 14,99 euro), je ne connaissais rien de lui. Je me suis donc attaqué à ce court roman avec curiosité, pour savoir si oui ou non l’écrivain mondain avait transformé l’essai brillamment obtenu avec son premier roman.
Le Windows on the World, c’est le restaurant distingué qui se trouvait au sommet d’une des deux tours du World Trade Center. On suit l’histoire de Carthew Yortson, quadragénaire américain qui a fait fortune dans l’immobilier, qui décide d’emmener ses deux fils dont il n’a que trop rarement la garde prendre le petit-déjeuner dans ce restaurant qui domine New-York. Hélas, nous sommes le 11 septembre 2001, et dans quelques minutes un avion va entrer en collision avec l’immeuble…
Beigbeder, qui a reçu le prix Interallié 2003 pour ce roman, a décidé d’aborder la tragédie du 11 septembre sous un angle original. Ici, pas de témoignage de proches, pas de vécu de survivants, tout est inventé, ou presque. Car le récit de la chute du World Trade Center ne prend que la moitié du livre. En effet, Beigbeder mixe sa fiction avec une sorte de confession sur fond de déprime sur sa vie, de son enfance bourgeoise à ses échecs amoureux.
Nous sommes donc ici le cul entre deux chaises entre un récit apocalyptique et un roman intimiste. Les deux sont certes liés, l’auteur faisant le parallèle entre le déclin de sa vie (et, par assimilation, d’une grande partie des hommes de sa génération) et celui de l’empire américain. Son parcours d’écriture du roman se télescope avec la fiction jusqu’à la phagocyter complètement.
Je n’ai personnellement pas été convaincu par ce livre. Certes, Beigbeder écrit bien, certes ce qu’il écrit est intéressant, mais le mélange des deux ne m’a pas plu. Je me suis plusieurs fois demandé si les passages d’introspection n’étaient pas là pour cacher le mal qu’il a eu à écrire sur le 11 septembre.
De plus, on a l’impression que l’auteur va finir par faire une dépression tant il dit haïr sa vie. Suivre la pensée de cet être morose est franchement pénible, sauf si on aime jouir du malheur d’autrui.
Je conclurai en disant que les qualités littéraires sont là, mais le contenu n’est pas facile à lire.
Note :
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