Chose promise, chose due… Le chef des députés UMP n’est au demeurant pas un inconnu au rayon des plus grands dispensateurs d’inepties. Il en manque rarement une. A croire que selon la formule populaire il eût été absent lors de la distribution d’intelligence. Pour ma part je croirais plus volontiers que la bonne fée l’ayant boudé, c’est une magaraude qui s’est penchée sur son berceau, le privant d’intelligence. J’avais le parfait souvenir qu’il s’était brillamment illustré au printemps 2011 lors du débat à l’Assemblée nationale contre l’exploitation des gaz de schiste (20 minutes, 30 mars 2011) en réclamant rien moins qu’un «moratoire ad vitam aeternam» ! Mon peu de latin s’en étrangle encore de rire.
Or donc, comme un scottish-terrier pistant les renards - il faut des molosses pour traquer «les loups» ; merci Titine ! La meute de Sarko ne jurant plus que par cela - je suivis depuis une bonne dizaine de jours la trace des diverses sAAArkoneries qui ne manquèrent guère.
Que ce fût pour célébrer le succès de Nicolas Sarkozy lors du Sommet européen, de sa «pédagogie» de la crise à la télévision et tacler dans la foulée le plus méchamment et stupidement possible François Hollande qui - faute d’expérience internationale : encore un bel élément de langage répété ad nauseam par tous les chiens de garde de la meute sarkoïdale parmi d’autres non moins ridicules sur le «discours de courage et de vérité» du chef de l’Etat - ne saurait bien évidemment soutenir la comparaison avec un si grand homme : revenu «en héros surdimensionné» selon le titre de Libération (27 oct. 2011) donnant la quintessence du ridicule festival des laudateurs de l’UMP…
Sauveur de l’euro, de la zone euro, de l’Union européenne, et why not ? Du monde entier, de l’Alaska à l’extrémité de la Sibérie, et sans doute également des régions les plus septentrionales de la Norvège jusqu’à la Terre de Feu et les Îles Kerguelen, en passant par Le Cap. Au Tartarin de l’Elysée doublé de Superman et Zorro, rien d’UM/Possible.
J’y reviendrais amplement. Mais là aussi je fus on ne peut mieux servie, partagée comme toujours par la colère à cause ce qui nous attend sur le plan fiscal et les ricanements devant l’enfilage de perles - un collier à plusieurs rangs - et autres stupidités… J’ai même pouffé de rire une fois de trop et surtout plus fort que d’habitude et c’est ainsi que j’ai failli cracher ma toute première gorgée de bière sur mon clavier…
En explorant un article du Monde Après le sommet européen, l'UMP souligne l'inexpérience de Hollande (27 oct. 2011) je vis qu’il y était fait référence à une déclaration de Christian Jacob - patron des députés UMP et grand dispensateur de sarkonneries - dans une interview donnée le jeudi à Europe 1. Site qui présente l’avantage de reprendre brièvement les extraits significatifs des interviews et je peux vous dire que j’y fis plus qu’abondamment mon marché ces derniers jours. Je vous ressortirais à l’occasion ma récolte de diverses mais riches fadaises.
"Que M. Hollande ait la décence de se taire" (27 oct. 2011). Ne craignant nullement d’ajouter du ridicule au ridicule, il ne pouvaitt manquer d’affirmer : «C’est dans ce genre de période que l’on a besoin de chefs d’Etat surdimensionnés comme Nicolas Sarkozy»… Talonnettes comprises ?
Mais j’en reviens à son inepte charge contre François Hollande, «fustigeant l’attitude du candidat en période de crise de la zone euro (…) dont il trouvait les commentaires - relativement critiques - d’un ridicule patenté (…) ironisant sur "ce monsieur qui n'a jamais participé à une réunion européenne, ou une réunion de secrétaire d'Etat européen" (…) quand on voit la manière dont Nicolas Sarkozy a conduit -tout seul ? Angela Merkel doit être positivement ravie de prendre connaissance de pareilles billevesées et je serais plutôt de l’avis de Pierre Moscovici qui affirme (non sans raisons) que Nicolas Sarkozy fait aujourd’hui figure de partenaire "junior" face à Angela Merkel, propos rapportés par les Echos Angela Merkel leader contre son gré (24 oct. 2011) - que monsieur Hollande ait la décence de se taire et d'apporter son soutien aux initiatives du président de la République (…) et cerise sur le gâteau cette dernière perle : «Là, nous ne sommes pas dans la petite politique politicienne, nous sommes en face de grands enjeux»…
Etant bien entendu qu’encore une fois Christian Jacob - comme beaucoup d’autres UMP - a perdu l’occasion de fermer son grand claper à sarkonner. Sarkozy, Fillon et consorts nous la bâillent bien bonne en invitant à l’union nationale dès que leur impéritie met la France en péril alors qu’ils méprisent et écartent l’opposition à longueur de temps lorsqu’il s’agit de faire passer en force des mesures contestées tant par la gauche que par une forte majorité de l’opinion publique.
Je n’ai jamais été jusqu’au-boutiste ni adversaire du consensus républicain, bien au contraire. J’ai le parfait souvenir de mesures faisant l’unanimité sur tous les bancs de l’Assemblée nationale, que le gouvernement fût de droite ou de gauche. Mais rien de tel ne s’est produit à ma connaissance depuis 2007.
Je ne vois donc pas pourquoi François Hollande devrait venir au secours de Nicolas Sarkozy, amplement responsable du gouffre abyssal de la dette française - 17 milliards d’euros dont seul 1/3 serait dû à la crise - et moins encore pourquoi il devrait taire ses critiques justifiées. Il n’est pas le seul, sur tout l’échiquier politique, et je rappellerais qu’il avait également affirmé - c’est un Européen convaincu, au contraire de moi - «que le pire avait été évité».
Mais de là accepter de placer l’Europe - et donc la France - sous la tutelle de fait de la Chine (pompier pyromane !) Ah ! Non, alors… mille fois non… y voir un «aveu de faiblesse», comment ne pas être d’accord ? J’y reviendrais dans un autre article tellement c’est "hénaurme". Au demeurant, il n’y pas que l’opposition de gauche à s’insurger sur ce plan, y compris à l’UMP !
Quant à prétendre enfin qu’il ne s’agirait nullement de «politique politicienne», ce n’est que cela. Nicolas Sarkozy ne s’agiterait pas autant pour sauver l’Europe monétaire si le triple A de la France n’était sur la sellette, compromettant peut-être un peu plus sa réélection en 2012 , déjà hypothéquée par la question sociale, divers scandales politico-financiers ou autres et le désamour d’un nombre croissant de ses électeurs du 6 mai 2007. D’où l’enfumage des téléspectateurs sur lequel je reviendrais également dans un autre article.
Faire croire que cet accord «historique» serait la «mère de toutes les batailles» me laissa au demeurant fort sceptique car ce n’était au fond depuis février 2010 que le dixième «sommet européen de la dernière chance» comme le soulignait le toujours très bien informé Jean Quatremer sur son blog «Les coulisses de Bruxelles» La zone euro roule des mécaniques (Libération 26 oct. 2011) et qu’en considérant de surcroît le peu d’efficacité de toutes les réunions internationales qui se sont tenues à jet continu depuis le krach de septembre 2011, je subodorai qu’une fois de plus les marchés financiers et les banques ne seraient pas calmés bien longtemps par les pluies de libéralités dont-ils bénéficiaient.
Combien de temps ce fragile équilibre - et monstrueux déséquilibre - tiendrait-il ? Telle était la question que je me posai d’emblée. Et je n’étais pas la seule, à lire quelques articles critiques. J’imaginai plutôt que la preuve de l’échec viendrait d’une reprise massive de la spéculation contre la dette souveraine de la Grèce et naturellement des pays déjà au bord du gouffre, Portugal, Espagne et Italie, la France étant le suivant des dominos.
Or, avant-hier soir parcourant la Une du Monde avant de m’aller coucher tôt, épuisée autant par le manque de sommeil, mon travail de fourmi devant l’ordinateur et la rédaction d’articles que j’espère mettre en ligne le plus rapidement possible avant de vaquer à d’autres tâches non moins nécessaires, je fus saisie de stupéfaction devant ce titre s’étalant dans le plus grand format Les Grecs se prononceront par référendum sur le plan d'aide européen (31 oct. 2011). Que je me contentai alors de linker dans les favoris, sachant le reprendre dès potron-minet.
Putain ! C’est de la bombe !
Sera-ce le deus ex machina qui fera s’écrouler le géant aux pieds d’argile - l’Europe monétaire, l’Union européenne et pourquoi pas ? la mondialisation ultralibérale… Il y a suffisamment longtemps que je pense et écris que la crise des dettes souveraines en sera le tombeau. Mais avouez tout de même que Nicolas Sarkozy - héros salvateur - en a pris un sacré coup sur la cafetière (déjà suffisamment fragile). Ne point oublier que le 2 novembre est la «journée des Trépassés»… Prémonitoire ?