Batailles et guerre

Publié le 02 novembre 2011 par Badiejf
Les rapports tendus entre le président et les deux chambres ne semblent pas vouloir s’assouplir. La guerre pourrait durer encore 4 ans ! Le dernier évènement Bélizaire (associé pour plusieurs à une vendetta du président lui-même) a offert une nouvelle escalade quand les parlementaires se sont engagés à ‘couper des têtes’ en vérifiant entre autres les dossier de nationalité de toutes les personnes nommées par le président et le premier ministre. Je connais beaucoup d’haïtiens qui ont dans leur sac un passeport canadien , français ou américain. Des gens qui ont fait le choix de vivre ici mais qui se sont donnés une sécurité en complétant les démarches pour obtenir une deuxième nationalité. Des gens éduqués qui ont profité des études ailleurs pour se donner un passeport supplémentaire, passeport qui leur simplifie la vie quand arrive le temps de voyager et qui surtout, leur offrira une porte de sortie si les choses se remettaient à vraiment mal se passer. Je serais prêt à parier une bouteille de Barbancourt (Réserve spéciale !) que plusieurs des personnes nommées dans les dernières semaines (entre autres pour les ministres et secrétaires d’État) sont dans cette situation. Les parlementaires vont donc les ‘convoquer’ afin de valider cette petite information. Au non haïtien (le pays ne reconnaît pas la double nationalité), la tête sera coupée. Symboliquement j’entend ! Au plan de la faveur du publique, j’ai toujours cru que le président avait le gros bout du bâton dans cette guerre avec les parlementaires. Sa campagne s’est faite sur le dos des vieux politiciens et de leurs méthodes. Il est de bon ton ici de décrier les parlementaires jugés incompétents (le fait que plusieurs soient analphabètes sert vite de raccourcis pour déterminer leur incompétence), corrompus et dans beaucoup de cas, criminels notoires. Des histoires d’enveloppes brunes qui circulent dans les bureaux de ces parlementaires refont surface à chaque fois qu’un vote important doit être tenu. Chaque département aurait son sénateur/député chef d’une mafia locale qui contrôle entre autre la drogue ou les voies d’accès aux pays (ports, routes, aéroports, …), distribue des armes et fait régner l’ordre, le sien je veux dire. Cette faveur du publique a pris un coup de vieux cette semaine avec l’arrestation du député Bélizaire. Les attaques contre Martelly et deux de ses ministres zélés (identifiés comme de fervents duvaliéristes) ont été nombreuses. Tu fouines les conversations dans la rue, au resto, au market, à la station service, dans la cour du ministère ou de l’hôpital, et tu sens que le climat s’est modifié. Dans une guerre, tu ne gagnes pas toutes les batailles. Mais il y a des défaites qui font plus mal que d’autres. Le député emprisonné est vite devenu trop encombrant pour le gouvernement qui lui a redonné ses souliers et son linge moins de 24 heures après l’avoir passé les menottes. Le bonhomme est débarqué au parlement dans l’heure pour être reçu comme un héro. Les rappels de l’époque de la dictature que les anti-martelly scandent depuis maintenant un an pouvaient ressembler à un épouvantail à moineau. Là, un doute s’est inscrit dans la tête de plusieurs. La communication (pour ne pas dire le marketing) a été la grande force du président depuis plus d’un an. Il devra s’y montrer encore meilleur dans les prochaines semaines s’il ne veut pas perdre trop rapidement la guerre.