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Un article très révélateur trouvé aujourd'hui sur le site du Monde : comment Pékin prépare sa population locale à accueillir les Jeux Olympiques ? Pékin apprend les bonnes manières Les Jeux olympiques (JO) de 2008 représentent pour la Chine un considérable motif de fierté nationale[...]"Sauver la face" est crucial en Asie, où chacun passe, dit-on, son temps à essayer de ne pas la perdre. Les autorités de Pékin s'attachent donc à soigner leur réputation. Il s'agit d'être digne devant les foules d'étrangers qui débarqueront, en août 2008, dans la capitale pour les XXIXes Olympiades.[...] La priorité est de convaincre les Pékinois de bien se conduire, sous-entendu de se comporter de manière plus disciplinée. Les Beijinren (Pékinois) ont en effet une propension marquée à se bousculer sans vergogne pour grimper dans les bus bondés, à injurier l'adversaire durant les compétitions sportives et à cracher à tout bout de champ sur les trottoirs. Des campagnes ont été lancées dans l'espoir d'en terminer avec de telles pratiques susceptibles de choquer les cohortes de "long nez" et autres diables étrangers qui déferleront sur Pékin à l'été 2008. "VEUILLEZ NE PAS CRACHER" Même si M. Shao estime que les Pékinois ne sont pas forcément les seuls à blâmer : "A Pékin, il y a en permanence une forte population de touristes qui ne sont pas conscients de la nécessité de bien se conduire." Il ajoute, définitif, s'appuyant sur un sondage aussi mystérieux qu'improbable : "70 % des crachats sont émis par des provinciaux !" [...]Une autre bataille s'est parallèlement déclenchée dans les bus et aux arrêts : les 11 de chaque mois ont été décrétés "jours de la file d'attente". Ces jours-là - la date a été choisie parce que le chiffre 11 peut faire penser à deux personnes faisant la queue... -, des sortes de "policiers de la politesse" veillent dans les bus à ce que les passagers embarquent en bon ordre. Selon les chiffres officiels, il y aura bientôt 4 000 fonctionnaires, contrôleurs et surveillants, chargés d'imposer la politesse aux Pékinois dans les transports en commun. GUERRE AUX "VENTRES NUS" Dernière et ultime bataille, qui ne semble pas avoir été couronnée de succès, la guerre aux "ventres nus" des hommes se poursuit. Les messieurs ont en effet l'habitude à Pékin de dévoiler leur estomac en remontant leurs tricots de corps sur la poitrine quand la chaleur de l'été se fait par trop insupportable.[...] Parce que personne ou presque ne parle les langues étrangères dans la capitale chinoise, les policiers sont en train de recevoir, depuis sept ans, des cours de formation accélérée d'anglais.[...]L'objectif est pourtant que 60 % des effectifs parviennent à passer un examen d'anglais de premier niveau.[...]Et d'apprendre des rudiments d'anglais : en cet après-midi surchauffé, une cinquantaine de chauffeurs [de taxi] en uniforme bleu sont réunis dans une salle où officie l'un des leurs, improvisé professeur d'anglais. Tout le monde répète en choeur dans une ambiance plutôt dissipée : "Airport ! Madam ! Sir ! How are you ? Good Morning ! Thank you !"Le "maître", qui nous a accueillis en affirmant qu'il était "very happy to meet you", s'esclaffe en s'efforçant de prononcer les mots. Là non plus, la bataille n'est pas près d'être gagnée. 16/06/2007 - LeMonde.frLire l'article A noter que ce qui y est expliqué pour Pékin vaut en fait pour toute la Chine (au moins pour tout ce que j'en ai vu), ce qui fait donc doucement sourire quand les autorités chinoises s'étonnent que "70% des crachats viennent des provinciaux", et oui, les citadins crachent peut-être moins, mais c'est quand même bien un sport national...Petit florilège des us locaux qui peuvent surprendre, agacer, dégoutter, lasser et puis finalement paraître normal aux laowai (étrangers) comme nous : - crachats intempestifs en public ("rshlshl-schlak")- bousculade (et parfois boxe) dans les transports en commun (et de manière générale, pour tous les services à file d'attente où il n'y a pas de répression contre les mauvais doubleurs)- affichage de bidons chinois dans la ville : ils se plaignent à Pékin, venez donc voir à Canton ! (région méridionale de la Chine où il fait chaud 11 mois par an) Moi j'ajouterais aussi à la liste : - dévisageage insistant de laowai : pas méchant, juste curieux, comme si justement vous étiez une bête curieuse venue d'une autre planète, et souvent marqué de l'interjection "Laowai ! Laowai !"- fouillage de narines sous vos yeux (et bon appétit bien sûr)- braillage dans téléphone portable, plus on est de fous plus on rit !- pipi / popo du bambin pour tous (véridique : j'ai vu une fois une maman tenir un sac plastique, fait pour contenir le riz, pour que son bébé fasse sa commission en plein supermarché) : et oui les couches culotte Pampers, ce n'est pas encore la grande mode. Les bébés se baladent le plus souvent avec un pantalon fendu à l'entre-jambe afin que ceux-ci puissent se soulager en n'importe quel endroit, à tout moment. Quand on voit où trainent les gamins, c'est sûrement "pratique", mais pas top hygiénique ...- etc... Après plusieurs années de vie en Chine, la seule "mauvaise habitude", d'après nos critères d'éducation occidentale, qui vraiment m'exaspère au quotidien, c'est la problématique de la file d'attente : dans l'un des derniers bastions du "communisme", c'est quand même un symptôme flagrant du "chacun pour sa pomme" latent.Alors les policiers et taxis chinois apprennent l'anglais, parce que bien sûr ils ne comptent pas sur vous pour parler chinois. Cependant si dans ce genre de situation vous voulez faire mouche, allez-y de votre "tching paille toui" ("Veuillez faire la queue") pour remettre physiquement les gens à leur place dans la file d'attente.De même si on vous montre du doigt avec un "Laowai ! Laowai !", faites le miroir en clamant "tchong kuo jène ! tchong kuo jène" ("Chinois ! Chinois !").Dernière pensée qui me vient à la lecture de cet article : certes cela part d'un bon sentiment de la part de la municipalité de Pékin de vouloir apprendre les bonnes manières aux Pékinois. Mais bon,1. faire cela pour les JO, à mon avis c'est peine perdue, le rapport travail / temps est trop réduit. Il y a beaucoup d'autres efforts à faire bien plus importants pour la grandeur de la Chine, et Amnesty International en parle mieux que moi...2. Hormis les pratiques qui pourraient conduire à une meilleure hygiène ou au respect d'autrui, je pense que finalement il ne s'agit encore une fois que de lisser davantage la Chine pour son rayonnement international, même peut-être uniquement pour une question de "garder la face" en regard d'un événement comme les JO. Mais à force de lissage, la Chine restera-t-elle la Chine ?En fin de compte, voir ces messieurs jouer aux cartes entre amis autour d'une table avec le marcel remonté sur les épaules, ça fait bien partie de la découverte de la culture chinoise. Bannière du site officiel des jeux (http://fr.beijing2008.cn/)One World One Dream.... et faire en sorte que ça ne reste pas qu'un rêve.