Chris McCandless, interprété de façon magistrale par Emile Hirsch, n'a qu'une vingtaine d'années lorsqu'il décide de rompre les amarres. Fraîchement diplômé, il choisit de remettre la totalité de ses économies à une organisation humanitaire avant d'aller se fondre dans la nature. Même sa famille ne sait rien de son projet romanesque. La rage au coeur, Chris refuse les excès matérialistes, l'hypocrisie et les petits mensonges de la société américaine au sein de laquelle il a grandi.
Pour lui, la seule délivrance ne peut surgir qu'au contact du monde sauvage idéalisé par "L'appel de la forêt" de Jack London, l'un de ses romanciers préférés. C'est donc tout naturellement qu'il se met en route pour l'Alaska, effectuant en chemin une myriade de petits boulots susceptibles de lui permettre d'acheter le matériel nécessaire à son expédition en solitaire. Des expériences qui donnent lieu à plusieurs rencontres enrichissantes.
Une fois parvenu dans le Grand Nord, Chris doit vite déchanter. La nature lui apparaît rapidement sous un autre jour. Il goûte très vite au caractère inhospitalier de ces contrées isolées. La solitude et le repli sur soi ne semblent plus parées des mêmes vertus et le jeune homme réalise que son épanouissement s'est davantage réalisé au contact des autres, lors de ces rencontres qui ont ponctué son étonnante odyssée, et qui confèrent à ce road-movie une portée résolument humaniste.
Il serait impardonnable d'évoquer "Into the wild" sans écrire une ligne sur l'admirable bande son qui l'accompagne. Eddie Vedder (chanteur de Pearl Jam, ci-contre) a composé une musique qui colle parfaitement à l'esprit du film de Sean Penn. La quête jusqu'au-boutiste du jeune homme, son désir de liberté et la rage innocente dont il fait preuve pour y parvenir trouvent un écho dans les compositions sensibles du rocker, ballades folk mélancoliques, incantations chamaniques envoûtantes ou hymnes rock nerveux dont les aspérités épousent la rudesse des grands espaces américains.