Par Bernard Vassor
A Marie-Mélodie et Laurent
pour leur bon thé et à la
consultation gratuite des
"Courriers Français"
Nous devons à Léon (Lucien) Goupil (1834-1890 selon la base Joconde, seule source disponible) la décoration de ce cabaret. Quatre panneaux, et le plafond représentant un immense rat crevé, ont fait la renommée de ce café qui connut différentes activités
Au n° 7 actuel de la place, un limonadier s’installait en 1835. Cet établissement édifié à l’angle de la rue Frochot et de la place, se nommait "le Grand Café de la Place Pigalle" mais les clients vont s’empresser de le baptiser "le Rat Mort" en raison de l’odeur pestilentielle qui empuantissait l’endroit, ce qui ne l’empêcha pas de devenir le rendez-vous de tout ce qui comptait de journalistes, écrivains, peintres et jolies dames esseulées. On pouvait aussi rencontrer tous les chiens du quartier, terriers, épagneuls, bichons havanais, lévriers, barbets, caniches, qui s’y livrent à des combats acharnés. A la jonction des deux demi-lunes qui avaient été tracées de part et d’autre en partant des guérites et qui était la barreièe d'octroi pour le passage des boeufs conduits à l’abattoir de l’avenue Trudaine.
"Enfants voici les boeufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers"
Victor Hugo qui habitait aux première loges en 1850 rue de la Tour d'Auvergne.
Nous pouvons imaginer Baudelaire guettant le passage d'« Apolonie », attablé à la terrasse du café, noter sur une feuille volante cet hommage à Paris la Catin, qui figure dans l’exemplaire de Poulet-Malassis :
Hommage à Paris, vu du Haut Montmartre :
"Je t’aime, ô ma très belle ô ma charmante... Que de fois...
Tes débauches sans soif et tes aurores sans âme, Ton goût de l’infini,
Qui partout dans le mal lui-même se proclame,
Et tes feux d’artifice, éruptions de joie,
Qui font rire le ciel, muet et ténébreux.
O vous soyez témoins que j’ai fait mon devoir,
Comme un parfait chimiste et comme une âme sainte.
Car j’ai de chaque chose extrait la quintessence :
Tu m’a donné ta boue et j’en ai fait de l’or".
Revenons à Léon Goupil dont on raconte l'histoire suivante :
d'après des témoignages de l'époque, il était ivre du matin au soir, quand un matin, sortant du Rat Mort, une bouteille à la main, il suivit un cortège funèbre qui passait place Pigalle pour se rendre au cimetière du Nord. Il chantait à tue-tête des couplets graveleux jusqu'à ce qu'il s'aperçoive que son nom figurait sur une couronne mortuaire ! C'était la dépouille de sa femme qui était dans le cercueil....
J'ai toujours été intrigué par la concordance de cette histoire, et les paroles de la chanson de Georges Brassens "Les 4 Z'arts"
Pour en avoir le coeur net, j'ai questionné, à l'occasion de la formidable "Intégrale Brassens"* un vague petit-cousin de Brassens dont le principal talent est de singer en tous points son illustre parent. Lui racontant cette histoire, je me suis entendu répondre : "J'en sais rien, j'y étais pas !"
J'aurai été mieux inspiré, si j'avais consulté l'érudit et sympathique André Labeur.....
Si jamais quelqu'un qui avait connu l'homme qu'a vu l''homme qu'a vu l'ours, pouvait me renseigner sur ce point j'en serai fort ravi.
A la mairie du neuvième, où pendant huit jours se sont succédés des artistes tous plus talentueux les uns que les autres (sauf un peut-être ?).