Categories: Chroniques CDs
ROCK – Dans La Tente a traversé la Sarine pour venir nous livrer un bon vieux rock comme on aime. Comment rester indifférent à des Lucernois se réclamant d’influences diverses et variées, sautant ça et là du grunge à la new-wave en passant par le punk, le tout dans une ambiance définitivement 80’s/90’s ? Tout le charme de ce groupe vient probablement de leur petit côté vintage volontairement désuet. J’adore !
Contrairement aux apparences, Dans La Tente n’est pas un groupe franchouillard pour faire danser dans les campings, et ce n’est pas exactement le type de musique que vous passeriez pour prendre l’apéro au bord de la piscine avec votre nouvel ami Dédé après une petite pétanque. C’est un groupe lucernois, qui comme d’autres en Suisse allemande semble trouver que le français, quand même, ça sonne classe. On peut citer par exemple l’autre groupe lucernois Les Yeux sans Visage, qui s’avèrent être des amis à eux, la rappeuse bernoise Steff La Cheffe qui marche très fort outre Sarine, ou pour ceux qui préfèrent bien rigoler, les chansons en français de Michael Von Der Heide…Dans La Tente, les plus attentifs les ont peut-être découverts bien avant que j’en parle, puisqu’ils sont actifs depuis quelques années déjà et ont joué plusieurs fois en Romandie, la dernière au Paléo cet été. Ce qui en fait une découverte, c’est l’arrivée il y a quelques semaines de leur premier album DID WE LIKE IT SO FAR OR HAVE WE JUST PERSEVERED?, un titre à tiroirs pour un album qui suit un premier EP KNIGHTS de 2009 et un 45 tour AS LONG AS THE HEART KEEPS BEATING sorti en 2010.
Mais que fait donc notre groupe suisse-allemand au nom français qui chante en anglais ? Eh bien comme je le disais, de la musique qui ne fait pas trop tube de l’été. Entre post-punk et new-wave, les chansons sorties avant cet album faisaient volontiers penser à Joy Division, Bauhaus, The Cure période SEVENTEENS SECONDS ou The Jesus and Mary Chain. Bref, on nage dans la bonne humeur, et surtout dans la première moitié des années 80.
Et si vous avez déjà été dans une tente des années 80, vous savez sans doute comme on était loin de la tente Quechua qui se déplie toute seule. On ne pouvait pas juste ouvrir la housse, saisir sa tente et la jeter au loin négligemment d’un geste ample et désinvolte avant de se poser comme une grosse feignasse. Non. Il fallait en chier un minimum. Rassembler vos piquets, mettre bout à bout des tiges métalliques, dénouer les mètres de cordage que vous aviez { tendre jusqu’{ vos sardines, plantées à la sueur de votre front dans un sol rocailleux, bref, toute une série de manoeuvres pour ne pas se retrouver comme une bille sous la pluie dans votre sac de couchage. Eh bien Dans La Tente, c’est un peu ça. Plus que juste des notes de musique jetées vite fait au bord du feu de camp. De toute façon, ils n’ont pas franchement une tête à faire des feux de camp.
Vous aurez saisi la métaphore, leur musique est parfois compliquée. Ou plutôt torturée, avec une vraie âme. Comme ils le disent eux-mêmes, ils font de la musique pour ceux qui ont le coeur plein d’ivresse, et pas pour ceux qui viendraient les voir pour danser ivres le ventre plein de bière.
Que faire dans l’attente d’un prochain concert dans la région ?
Pour ce nouvel album, le groupe garde son côté « coldwave » et ses batteries ultra carrées presque mécaniques, mais avec souvent des accents post-rock à la Mogwai par exemple. Résultat, un album réussi, cohérent, intelligent et que je ne saurais trop conseiller. De "Ritual" à "Aquanaut" en passant par "Between Me And Tomorrow", "Nothing But Leaving" ou "Drunken Heart", on retrouve cette énergie à la fois joyeuse, désuète ou quelque peu mélancolique parfois. Pas grand chose de révolutionnaire, simplement une très agréable ballade sonore pour nos oreilles.
Si vous voulez voir Dans La Tente en concert, plusieurs dates en Suisse allemande sont programmées d’ici la fin de l’année. Et si c’est trop loin pour vous, que faire dans l’attente d’un prochain concert dans la région ? (Oui, je DEVAIS faire cette blague, ce n’était pas une option). Que faire donc, disais-je, eh bien vous pouvez vous procurer ce nouvel opus sur les plateformes de téléchargement, et probablement, comme dit la formule, chez tous les bons disquaires. DID WE LIKE IT SO FAR OR HAVE WE JUST PERSEVERED? est sorti sur le label lucernois Goldon Records, qui propose par ailleurs un catalogue intéressant dans lequel je pourrais bien piocher à nouveau pour une prochaine chronique !