J’ai visionné un reportage très « riche » sur France 5, dimanche soir : « la guerre du luxe dans l’hôtellerie ». En moins d’une heure, on nous livre une vision très claire et complète du luxe, au travers d’interviews de directeurs de palaces.
Au Plaza Athenée, le luxe est synonyme d’espace, de hauteur de plafond et de lustres. La « suite Eiffel », véritable appartement parisien, se loue la bagatelle de 7000 euros la nuit, avec (évidemment) une vue sur la Tour Eiffel. On apprend que 100 millions de travaux ont été envisagés pour rester dans la course ! (comprenez : pour ne pas se laisser distancier par les nouveaux palaces comme le Mandarin Oriental à Paris). La directrice est d’ailleurs très fière de montrer sa « télévision miroir » (l’image est diffusée sur la glace), un des signes de modernisation.
Au Bristol, c’est également 100 millions de travaux qui ont été investis sur 3 ans, pour se défendre contre les nouveaux arrivants. Ce palace intemporel distille son atmosphère chic de « comme à la maison ». Exemple parmi d’autres, les clients laissent leurs affaires dans leur chambre, pour les retrouver lors du prochain séjour (Almodovar y laisse son oreiller !). Le prix moyen d’une chambre au Brisol est de 600 à 900 euros (d’après son directeur), ce qui est finalement presque abordable (en comparaison avec les prix pratiqués dans les autres palaces, quand on sait que le prix moyen est autour de 1000 euros).
Le directeur du Georges V dit ne pas craindre la concurrence. Et pourtant, le Shangri La, un récent palace parisien, propose des suites avec cuisine pour organiser des dîners privatifs concoctés par un grand chef. Cet hôtel dispose de 50 vues sur la Tour Eiffel !Le concierge d’un autre palace dont le nom m’échappe explique que pour fidéliser « l’hôte » (puisque le mot client est à bannir) il ne faut jamais lui dire non. Et de citer le caprice d’un « hôte » qui demande des lionceaux et un dresseur dans sa suite, pour amuser ses enfants. Ou cette dame qui exige un coiffeur de star à 2 heures du matin, pour un brushing avant une sortie improvisée en discothèque. De nos jours, les clients veulent encore plus de services, car ils s’attendent déjà à la literie excellente, au confort, etc… Il faut les surprendre et leur faire vivre une expérience qui va générer des souvenirs exceptionnels. Tout un programme !
Autre luxe, autres contrées, la Tanzanie est très « tendance ». En effet, exceptionnel rime avec naturel et authenticité.
Et comme le luxe est multiple, le design est aussi une des nouvelles armes pour plaire à une clientèle de plus en plus jeune.
Autre axe intéressant : le luxe feutré, celui des « ermites épicuriens des temps modernes » comme à la Quinta Romanera au Portugal (pas de journaux, pas de télévision) ou au Soneva fushi aux Maldives (no news, no shoes) où l’on prône la simplicité, le retour aux origines. Une ambiance pour les personnes (très) aisées à la recherche d’une expérience, qui souhaitent se contenter de presque rien, comme ils peuvent tout s’offrir…A une époque où l’on ne parle plus que de « crise », de « chômage », de « réductions budgétaires », on se dit qu’il existe vraiment deux mondes, et que l’écart se creuse un peu plus chaque jour. Le tourisme a encore de très beaux jours devant lui, pourvu qu’il soit très haut de gamme, et qu’il sache proposer un luxe exclusif…