L'euro ...et le seau

Publié le 02 novembre 2011 par Dubruel

Un article paru le 1/11/2011 sur le site AGORAVOX :

Paul Krugman, prix Nobel d’économie, compare l’euro à un trou dans le seau de l’Europe

Paul Krugman, universitaire, économiste et chroniqueur au New-York Times, n'est jamais que Prix Nobel d'économie ; il s'est exprimé sur la crise de l'euro dans unarticle en français.

Les titres éminents de Krugman, et l'accessibilité linguistique de l'article, rendent difficile de comprendre pourquoi cet article n'est accessible que par des canaux confidentiels. Pour le lire, il faut aller sur lesite de la RTBF, ou sur leblog de Gérard Brazon.

Vous avez dit censure ?

Il est vrai que ce mal-pensant de Krugman a le culot d'écrire : 

"La triste vérité est que le système euro semble de plus en plus voué à l'échec. Et une vérité encore plus triste est que vu comme le système se comporte, l'Europe se porterait sans doute mieux s'il s'écroulait plutôt aujourd'hui que demain."

Il s'agit d'un article assez bref, que le lecteur interessé pourra lire in extenso en suivant les liens que nous avons donnés plus haut.

Sous le titre Le trou dans le seau de l'Europe, Krugman commence par analyser l'effet mortel des prophéties auto-réalisatrices (une baisse de note entraîne un renchérissement du crédit qui entraîne une récession même là où il n'y en avait pas) d'abord sur des économies petites et faibles comme la Grèce, puis, de proche en proche, sur des économies à l'origine fortes.

Le phénomène lui fait penser à une comptine américaine qui dit : "Il y a un trou dans mon seau".

Certes, l'Europe est endettée, mais d'autres pays, comme la Grande-Bretagne, les Etats-Unis ou le Japon, le sont tout autant et ne sont pourtant pas attaqués au même degré. Pourquoi ? Quel est leur secret ? Krugman répond :

"Prenons des pays comme la Grande-Bretagne, le Japon et les Etats-Unis, qui ont des dettes importantes ainsi que des déficits mais qui malgré tout restent capables d'emprunter à de faibles taux d'intérêt. Quel est leur secret ? La réponse tient en grande partie au fait qu'ils maintiennent la valeur de leur monnaie et les investisseurs savent qu'en un clin d'œil, ils pourraient financer leurs déficits en imprimant leur monnaie. Si la Banque Centrale Européenne, dans le même temps, soutenait les dettes européennes, la crise s'allègerait considérablement."

De la création monétaire ! Fi donc ! Otez de mes yeux cette planche à billets qui ne peut que créer de l'inflation !

Non, répond Krugman, les conditions ne sont pas réunies pour qu'il y ait inflation massive :

"Est-ce que cela n'engendrerait pas une inflation ? Probablement pas : qu'importe ce que Ron Paul et consorts peuvent penser, la création de monnaie n'engendre pas l'inflation dans une économie déprimée. De plus, l'Europe a réellement besoin d'une inflation globale un peu plus haute : une inflation globale trop faible condamnerait les états européens du sud à des années de déflation sévère, garantissant virtuellement à la fois une continuité dans le fort taux de chômage et des défauts de paiement en série."

Pourquoi donc refuser d'alléger nos difficultés au prix d'un peu d'inflation ? Par rigidité et par idéologie :

"Mais une telle création, ne cesse-t-on de nous répéter, est hors de question. Les statuts qui régissent la banque centrale sont censés interdire ce genre de choses, bien que l'on imagine que des avocats malins trouveraient le moyen de rendre cette création possible. Cependant, le problème plus général est que tout le système euro a été mis en place pour combattre la dernière guerre économique. C'est une Ligne Maginot construite pour empêcher que les évènements des années 1970 ne se répètent, ce qui est pire qu'inutile lorsque le vrai danger vient d'une répétition des évènements des années 1930.

Et cet état de fait, comme je l'ai dit, est tragique."

Krugman dénonce l'arrogance des élites européennes, qui enferme les peuples dans un piège mortel et menace le système de paix et de démocratie européen qui a bâti des sociétés qui sont pourtant "probablement les plus décentes de l'histoire de l'humanité" :

"Pourtant, cette réussite est menacée parce que l'élite européenne, de toute son arrogance, a bloqué le continent en un système monétaire qui a recréé la rigidité du modèle d'excellence, et - tout comme le modèle d'excellence des années 30 - celui-ci s'est transformé en piège mortel."

En conclusion, Krugman souhaite que l'euro meure, et le plus tôt sera le mieux :

"La triste vérité est que le système euro semble de plus en plus voué à l'échec. Et une vérité encore plus triste est que vu comme le système se comporte, l'Europe se porterait sans doute mieux s'il s'écroulait plutôt aujourd'hui que demain."