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Jakob van Hoddis

Par Florence Trocmé

Ein Kreuz, ein Gott : ich weiss nicht was. 
Walter Höllerer. 
 

Jakob van Hoddis, de son vrai nom Hans Davidsohn (en allemand « fils de David ») naît le 16 mai 1887 à Berlin au temps de Guillaume II. Fils d’un médecin juif et petit-neveu de la poétesse Friederike Kempner, du côté de sa mère, il se destine à l’architecture à Charlottenburg, avant d’opter pour des études de philologie classique à Iéna. Dans les cours du Hackeschen dans le quartier Mitte, il crée le Cabaret Néo-Pathétique avec Georg Heym et Kurt Hiller, à l’heure où, à Zürich, le lyrisme se place du côté du dadaïsme. À la mort de son père en 1909, il prend le pseudonyme anagrammatique, Jakob van Hoddis, émigration patronymique et linguistique. 
À cette époque, il rédige le poème phare de l’expressionnisme en une « fin du monde », symboliquement chiffrée le 11 janvier 1911, publiée dans la revue « Le Démocrate ». À Paris, en zone surréaliste, Aragon introduit le manifeste dans une traduction pour la revue « Littérature » le 1er novembre 1922. Le poème, hypothétiquement sonnet inachevé, fait référence à la comète de Halley, annonciatrice de l’apocalypse joyeuse. Au-delà du phénomène cosmologique, il s’agit d’un « putsch » poétique érigé contre la société petite-bourgeoise urbaine, naturellement la propre condition sociale du vrai Hans Davidsohn. La symbolique du poème se rattache perfidement à toutes les catastrophes naturelle et humaine de l’Histoire, de la destruction de Babel en 2273 avant J-C (et jusqu'à New York, le 11 septembre !) 
Avant la Grande guerre, et durant l’entre-deux-guerres, le périple de Jakob van Hoddis devient une quête de soi-même à Münster, Heidelberg, Paris, Tübingen, en parallèle de l’écriture résolument tournée vers l’avant-garde. Dans la ville moderne, à toute vitesse, le grotesque et le chaos se conjuguent dans une forme classique, singulièrement influencée par Stefan George. Au tournant de l’année 1933, la famille Davidsohn émigre en Palestine, sauf le « petit Hans ». Résident à la clinique israélite de Bendorf-Sayn à Coblence, en pleine folie guerrière, il est déporté en avril 1942 en Pologne et disparait à une date inconnue à Sobibor.
En 1958, Paul Pörtner édite les œuvres poétiques de Jakob van Hoddis. Durant l’été 2001, le Centre judaïque à Berlin rend hommage au poète maudit, figure majeure de l’expressionnisme mondial, dans la lignée de Gottfried Benn, son frère d’armes, et Else Lasker-Schüler, sa sœur d’âme. 
 
[Nicolas Grenier.] 
 
 
Bibliographie 
Weltende. Gesammelte Dichtungen, ed. Paul Pörtner, 1958. 
Dichtungen und Briefe, ed. R. Nörtemann, 1987. 
 
Voir cette notice (en anglais) 
Une interprétation du poème « Weltende » (en allemand)


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