FIN DU MONDE
Au bourgeois échappe de son crâne aigu le chapeau,
L'atmosphère bruit comme d'un cri.
Les couvreurs choient des toits et se brisent,
Et sur les côtes - à ce qu'on lit - grimpe le flot.
L'orage est là, les mers sauvages ne font
Qu'un saut à terre, pour disloquer les digues dures.
Un rhume de cerveau s'empare de la plupart des créatures.
Les chemins de fer tombent des ponts.
Jakob van Hoddis, trad. Louis Aragon, Revue Littérature n°6, 1er novembre 1922.
Le chapeau s’envole du crâne d’un bourgeois,
En coup de vent des cris de joie se répercutent.
Les couvreurs s’effondrent et se brisent en trois.
Sur la côte – lit-on – le déluge entre en lutte.
La tempête s’élève et les vagues écument
Contre le littoral et la digue se rompt.
La plupart des hommes chopent un vilain rhume.
Les locomotives chutent du haut des ponts.
Jakob van Hoddis, traduction inédite, libre et rimée par Nicolas Grenier ©.
Dem Bürger fliegt vom spitzen Kopf der Hut,
In allen Lüften hallt es wie Geschrei.
Dachdecker stürzen ab und gehn entzwei
Und an den Küsten – liest man – steigt die Flut.
Der Sturm ist da, die wilden Meere hupfen
An Land, um dicke Dämme zu zerdrücken.
Die meisten Menschen haben einen Schnupfen.
Die Eisenbahnen fallen von den Brücken.
Jakob van Hoddis, « Weltende », première publication le 11 janvier 1911, dans la revue « Der Demokrat » dirigé par Franz Pfemfert.
Bio-bibliographie de Jakob van Hoddis