Paris Photo 2011

Publié le 02 novembre 2011 par Cardigan @onlyapartmentsF

En 1980, à la suite du désespoir causé par la mort de sa mère et en hommage explicite à L’imagination de Jean- Paul Sartre, Roland Barthes a publié ce qui serait son dernier livre, La chambre claire , formidable et perturbateur. Note sur la photographie, en apparence un essai mais peut être d’avantage “un roman sur l’image tellement aimée de la mère” ou de manière étrange on trouve plus d’une note proustienne, sous forme, naturellement de ritournelle.

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Même sil s’agit d’un des grands textes sur la photographie, Barthes lui-même a averti sur le fait qu’il décevrait probablement les photographes, étant totalement conscient de l’appropriation qu’il en faisait pour parler d’une série de choses qui constituaient les préoccupations essentielles de ses derniers jours, et tout particulièrement la mort. Pour Barthes, la photographie, en représentant le moment insaisissable où le sujet devient objet, nous transforme en spectres, vivant une micro-expérience théâtrale de la mort pendant laquelle, comme dans le théâtre antique, le masque est le sens. Nous nous submergeons brusquement dans la Mort Littérale (en marge du rituel, religieux et symbolique), nous entrons dans la Mort simple (Barthes suggère que l’horreur essentiel réside en sa simplicité) peut-être comme les portrait égyptiens d’ Al Fayum nous y font entrer.

En partant exclusivement de son incertitude à propos d’un “génie” propre à la photographie et de l’attraction qu’il sentait envers certaines photos, Barthes crée un nouveau concept qui depuis lors est devenu capital pour une beaucoup d’artistes. Il s’agit de ce qu’il appelle le punctum (piqûre, petit trou, petite tache, coupure, et aussi hasard).

Cela ne devrait pas nous surprendre que La chambre claire voie le jour en France, compte tenu que non seulement c’est dans ce pays qu’est née la photographie telle que nous la connaissons mais aussi que nulle part ailleurs on n’a écrit et réfléchi autant et si lucidement à propos de celle-ci, selon Barthes, l’image photographique est un mélange indissoluble et perturbateur de la réalité et du passé.

Ce n’est pas pour autant étonnant qu’à paris on célèbre un des plus importants festivals internationaux de photo, le prestigieux Paris Photo (http://www.parisphoto.fr/), dont la quinzième édition, qui cette année prête une attention spéciale à la photographie africaine, aura lieu dans l’inoubliable enceinte du Grand Palais entre les 10 et 13 novembre, dates pendant lesquelles convergeront vers la capitale française 135 galeries et maisons d’édition procédant de plus de 23 pays différents.

Paul Oilzum