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Grève

Publié le 02 novembre 2011 par Toulouseweb
GrèveLes PNC d’Air France n’ont pas tout compris.
Ce n’est même pas un combat d’arrière-garde, plutôt une forme subtile de déni syndical : la grève de 5 jours du personnel navigant commercial d’Air France (ou tout au moins d’une partie de celui-ci) a mis en évidence une étonnante incompréhension : le transport aérien évolue à grand pas, Air France s’efforce de suivre le mouvement mais tout le monde ne suit pas. D’où un mouvement social très impopulaire, nouvelle illustration d’une sacro-sainte culture de la grève bien française avec dommages collatéraux tous azimuts. Et, bien sûr, des dizaines de milliers de voyageurs pris en otage, sans qu’ils comprennent les raisons de la mauvaise humeur des PNC.
Ces derniers, de toute manière, sont les grands perdants de ce mouvement. Sur le plan de l’image, tout d’abord, ils ont tenté de paralyser la compagnie tout au long d’un week-end prolongé, celui de la Toussaint, qui permet aux familles de se rassembler et d’honorer leurs morts. Une sacrée maladresse, justifiée par une argumentation bancale : ce même week-end était celui de l’instauration des horaires d’hiver du transport aérien. D’où le «choix » de ces dates («Air France nous y a obligés»), une grossière erreur avec impopularité garantie.
De manière générale,, les PNC sont incapables de parler d’une seule voix. Il y a pléthore de syndicats et, experts mis à part, personne ne s’y retrouve, encore que le poids de l’Unsa et de FO-SNPNC apparaisse considérable, voire dominant. Ce qui ne change rien au fond du principal désaccord à l’origine de la grève : Air France a décidé de ramener de quatre à trois le nombre de PNC embarqués à bord de ses A319, certaines lignes longues mises à part. L’objectif poursuivi tient en peu de mots : il s’agit de réduire les coûts, tout en respectant les règles de sécurité, c’est-à-dire un PNC pour 50 passagers. Les syndicats ont opté pour l’intox, affirmant qu’Air France a choisi de sacrifier la sécurité de ses passagers, accusation qui n’a évidemment pas de sens.
En revanche, la compagnie sera sans doute amenée à revoir le service à bord, à le rendre spartiate. Ce qui n’a aucune importance, tout passager aérien normalement constitué étant parfaitement capable de survivre 60 minutes sans boire un jus d’orange gratuit en mangeant des galettes de Pont-Aven bien friables. Sur les vols courts, il s’agit là d’une survivance qui a décidément la vie dure : Air France continue de traîner les pieds, d’entrer à reculons dans un monde nouveau envahi par la concurrence low cost. Et le PNC est encore pire !
Tout au long de ces jours de grève, plus de 85% des vols étant quand même assurés, les commentaires abscons l’on disputé à une bonne dose de n’importe quoi. Thierry Mariani, ministre des Transports, a estimé que la date du mouvement social était très mal choisie, comme s’il était le premier à s’en apercevoir, et a qualifié le mouvement d’irresponsable. Il ne craignait pas de se fâcher avec les syndicats, c’était déjà fait. Sa ministre de tutelle, Nathalie Kosciusko-Morizet, a carrément choisi d’entrer dans l’Histoire en affirmant, sur un ton grave, limite gaullien, que «les compagnies aériennes sont mortelles». On se demande si les PNC ont perdu le sommeil en se découvrant cette intimidante responsabilité mais on peut évidemment en douter.
Xavier Bertrand, ministre du Travail, pour sa part, s’est précipité dans ce qu’il a pris pour une faille dans le système. Il a évoqué l’instauration d’un service minimum dans le transport aérien, pour protéger les consommateurs-voyageurs. Apparemment, il n’avait pas remarqué que plus des quatre cinquièmes des vols étaient assurés, son idée n’avait pas de sens sens.
Ainsi s’améliore sans cesse la culture de la grève. Elle est d’autant plus lassante qu’elle est trop souvent totalement inutile. Mis à part le fait qu’à l’avenir, certains voyageurs de la Toussaint pourraient choisir une compagnie low cost et renoncer courageusement au jus d’orange gratuit.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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