Un garçon, une fille, un café le matin

J'ai compté les perles dans mon panier, et il ne m'en reste plus beaucoup, dit-il dans un soupir aigre-doux. Tu pourrais faire preuve de plus d'initiative, répondit-elle, tu restes là et tu te lamentes, c'est frustrant.
Tu penses que j'ai le choix?
On a toujours le choix.
Ce n'est pas vrai, on pense qu'on a le choix, mais on est toujours conditionné à aller dans une direction plutôt que dans une autre.
Elle le regarda, se demanda comment rétorquer,  resta silencieuse. 
Ils étaient assis à la terrasse d'un café, depuis quelque temps, ils avaient pris l'habitude de se retrouver ici. Elle était d'une beauté inouïe,  d'autant plus fulgurante que la lumière de printemps la caressait de ses doux rayons du matin.
Voyons, arrête de voir les choses négativement, tu n'iras nulle part comme ça. 
Tu sais, Pamela, il existe des villages qui sont extrêmement bien décrits dans les guides touristiques.
C'est vrai, on a tout de suite envie de s'y rendre et de déjeuner dans le petit restaurant recommandé à la page 31.
Ils eurent un sourire complice. 
Et si on attaquait une banque, proposa-t-elle. C'est un acte qui est de nouveau perçu avec bienveillance.
Comme dans "Bonnie and Clyde", on est de nouveau dans la grande dépression, et les méchants ce sont les banquiers? Dit-il.
Pamela poursuivit: On a besoin de rêver. Le monde a besoin de personnages 'bigger than life', ça lui ferait du bien.
Alors, on attaque une banque, on prend l'oseille et on se tire. Et ensuite?
Bah, ensuite on file à Rio et on se la coule douce. 
Il se demanda si elle était sérieuse. Mais non, bien sûr, elle se payait sa tête! Pourtant, il la savait capable des excentricités les plus inattendues. Comme la fois où elle s'était mise à chanter un air de Tom Waits en plein milieu d'un supermarché.
On se ferait arrêter, Pamela, tu le sais bien, et on nous ferait passer pour de sombres criminels.
C'était juste une idée pour te remonter le moral. N'y penses plus.