Au Canada et aux États-Unis (comme en France), on a laissé le problème des systèmes de retraite non viables persister pendant des décennies, et maintenant ce serait au tour des contribuables de payer.
Un article de David Descoteaux, depuis Montréal, Québec.
À Los Angeles, on s’attend à ce que les coûts des régimes publics bouffent à eux seuls près du tiers du budget de la Ville en 2015.
Le gouverneur Jerry Brown, successeur d’Arnold Schwarzenegger, veut stopper l’hémorragie. Il espère faire mieux que le Terminator, qui a échoué à réparer les finances publiques de l’État.
Selon le Los Angeles Times, le plan du gouverneur Brown, un démocrate, comprend trois points majeurs :
— Tous les employés du secteur public verront la moitié du coût de leur régime de retraite être déduit de leur chèque de paye. (Dans plusieurs villes et comtés, les employés contribuent pour moins de la moitié du coût.)
— Le tiers du régime de retraite des nouveaux employés sera à cotisations déterminées. Comme un REER, cette partie du régime ne sera pas garantie, mais plutôt vulnérable aux aléas de la bourse.
— Pour les nouveaux employés, le gouverneur veut faire passer l’âge de la retraite de 55 à 67 ans.
Des mesures, somme toute, assez timides vu l’ampleur du problème (on ne touche presque pas aux avantages des employés actuels). Mais même cette petite bataille risque d’être difficile à gagner. La scène politique en Californie est dominée par les démocrates, très proches des syndicats.
Et ici?
Au Québec, le problème est moins aigu, mais prend de l’ampleur. Autant le gouvernement provincial, les villes, les sociétés d’État que les entreprises commencent à perdre le contrôle.
Les chutes boursières, les taux d’intérêt au plancher et l’espérance de vie toujours plus élevée des retraités sont en train de couler les régimes à prestations déterminées (garanties). Ainsi que les finances publiques des villes, provinces ou entreprises qui les offrent.
De plus en plus d’entreprises abandonnent ces régimes pour les remplacer par des régimes à cotisations déterminées. Récemment, la Ville de Montréal a fait savoir qu’elle veut elle aussi revoir ses régimes de retraite. Leurs coûts annuels ont doublé en trois ans. Ils représentent aujourd’hui plus d’un demi-milliard $, soit plus de 10 % du budget.
La Ville, qui va hausser (encore!) le fardeau fiscal de ses citoyens — de 4,3 % — en 2012, veut partager le coût de ces régimes de façon égale avec ses employés. (Elle paie actuellement 70 % du coût, en moyenne.) Elle veut aussi repousser l’âge de la retraite. Le bras droit du maire Tremblay, Michael Applebaum, brandit même le spectre d’une loi spéciale si les syndicats et la Ville ne s’entendent pas, selon La Presse.
Comme l’éléphant dans la pièce, on a trop longtemps fait semblant de ne pas voir le problème. Soit la non-viabilité de régimes de retraite conçus dans les années 1960, où la réalité était bien différente — entre autres, l’espérance de vie a crû d’une dizaine d’années depuis.
Résultat : on a laissé le problème empirer. Au point qu’aujourd’hui, les politiciens forcent tous les contribuables — dont la grande majorité n’a même pas de fonds de pension — à renflouer les régimes des employés du secteur public. Pour corriger la situation, il faudra des mesures encore plus radicales que ce que propose le gouverneur californien. Attendez-vous à des négociations difficiles, voire explosives, entre élus et syndicats dans les années qui viennent.