Ainsi, alors que l’échéance du G20 à Cannes approche, le premier ministre grec, George Papandréou, décide de soumettre à référendum le choix d’une aide européenne à son pays. Car c’est de cela qu’il s’agit puisque l’union européenne a conditionné son aide financière à un plan d’austérité de la Grèce afin que cette dernière se mette au minimum en harmonie avec les règles budgétaires et surtout fiscales des 17 pays de la zone euro.
« Personne ne pourra douter que l’avenir de la Grèce se trouve dans l’euro » annonce le premier ministre, qui met son peuple face à ses responsabilités. Mais ce dernier l’entendra-t-il ?
Vu de l’extérieur, c’est un risque énorme qui entérine officiellement la possibilité de détricoter le projet européen et revenir en arrière avec une Europe à 12, 14, 16, fonctionner avec une Europe à deux voire trois vitesses… et au pire, de retourner dans une logique d’états nations (monnaies, frontières…)
Que deviendra la Grèce si son peuple refuse le plan de sauvetage de son gouvernement ? Banqueroute ? Oui, cette idée de banqueroute encore inimaginable il y a 5 ans est aujourd’hui plausible, et les autres pays en difficulté (Espagne, Irlande, Portugal) voient cette hypothèse avec effroi, surtout leurs dirigeants qui vont se voir sommés par leurs adversaires politiques et leurs peuples de soumettre toute contrepartie à une aide financière de l’UE à référendum.
Politique
Certains verront ce recours au référendum comme une bouffée d’air démocratique dans cette gouvernance européenne de politiciens. D’autres trouveront qu’il n’y a pas pires conditions et timing pour l’organiser.
Papandréou met ses administrés face à leurs responsabilités. Le problème est que les Grecs n’ont jamais été consultés directement dans le choix des options possibles et des solutions et moyens retenus. Alors soit on fonctionne classiquement avec un gouvernement élu pour négocier et faire des choix, soit on associe dès le départ les peuples pour décider étape par étape. Là, les Grecs sont au bord d’une falaise, un pistolet dans le dos et on leur demande « démocratiquement » de se prononcer. Non, vraiment ce n’est pas bien organisé…
Plus globalement et symboliquement, ce retour soudain du référendum dans l’actualité politique est une réaffirmation des nations et des peuples, ultimes souverains pour décider de leurs avenirs. En ce sens, aussi fou et surprenant que cela puisse être, ce référendum interroge opportunément chacun d’entre-nous sur la politique, l’Europe, la gouvernance… C’est le seul point positif que l’on puisse trouver à ce choix hyper risqué pour tout le monde du Premier Ministre Grec.
Tiens, notre gouvernement ne pourrait-il pas nous consulter pour savoir ce qu’on pense du triple A des Standard and Poor’s, Moody’s et autres Fitch.