Donner lui le qualificatif que vous voudrez, mais soyez certain qu'après l’avoir lu, vous ne l’oublieras pas. Ca c’est une garantie.
Jack Ketchum reprend un fait divers qui s’est produit dans les années 50 et vous le livre simplement en le laissant s’immiscer petit à petit dans votre esprit en vous tenant en captivité jusqu'à la conclusion. Stephen King ,qui a écrit la préface, met au défi de tourner les pages sans avoir un sentiment d’effroi qui vous serre la gorge. Il ne pouvait mieux dire.
Le narrateur, David, raconte un épisode de sa jeunesse où il a fait la rencontre de Meg, une jeune fille qui est venu habité avec sa jeune sœur chez ses voisins où habite son meilleur ami. Dès la première rencontre, des liens d’amitié se tissent entre eux. Ils se font complices. Et même plus, comme cette soirée, à la foire,dans la Grande Roue où ils se sont tenus la main. Dave aime bien Meg. Même un peu beaucoup.
Mais voilà que plus les jours se succèdent et plus la présence de Meg se fait rare. Quand il la voit, elle est plutôt troublée. Elle a même quelques ecchymoses. Rien d’alarmant se dit-il. Au début. Ensuite, tout s’enchaine. Par séquences. On retrouve Ruth Chandler, mère de trois enfants, abandonnée par son mari et maintenant tuteur de ses deux nièces orphelines. Elle est appréciée des jeunes du coin. Elle est cool. Elle leur donne à manger, des cocas et parfois même de la bière. Ruth est mal en point. Elle est en train de perdre le contrôle. Elle déteste sa vie.Elle se déteste. Elle le fera payer à Meg et à sa sœur et elle amènera dans sa folie ses enfants et leurs copains.
Je voulais lire un roman qui me virerait à l’envers. Qui me bousculerait. Qui me ferait vaciller même. Je suis tomber pile. Ce roman est terrifiant. Je l’ai lu d’une traite et dès la moitié du livre, une boule se forme dans la gorge et on ravale entre chaque chapitre. La captivité de Meg et les sévisses qu’elle subira sont hors de description.
ici, on ne parle pas d’horreur à la Hannibal Lecter ou à la Décadence. Jack Ketchum prend bien soin de ne pas tomber dans ce genre où toute la place est donnée au lugubre, aux viscères et à la dépravation. Je suis certain qu’il existe des romans dit “Gore” ou “Trash” qui offrent ce genre de récit. ici, on est loin de ça. C’est un Aurore l’enfant Martyre Puissance exponentielle. C’est un récit intelligent, bien écrit et qui montre l’insoutenable en le suggérant, en le masquant en nous le montrant par les yeux d’un enfant: Le narrateur,David.
David ne participe pas à ce jeu malsain que se livre Ruth, ses amis et la moitié de la ruelle. Il est témoin et ne fait rien, ne dis rien, ne dénonce rien. Il est hypnotisé par la “permission” qui lui est accordé par un "adulte” de regarder. Il est excité aussi. Mais bientôt, il sera terrorisé et il devra faire des choix.
David est le personnage à qui on s’accroche. C’est le seul rayon de soleil qui nous est permis dans cette noirceur horrible. David, on le chahutera,il nous fera rager par son inertie, ensuite on l’adorera quand il décidera de sauver Meg, mais à la fin on le détestera, de tout notre âme. Car, il arrivera … trop tard…vraiment trop tard.
Il n’y a pas de plaisir à lire ce genre de roman. Comme il n’y avait pas de plaisir à regarder l’histoire de la petite Aurore au cinéma. Même si nos journaux pullulent de ce genre d’histoire en les retrouvant à la page 33 dans le bas entre deux publicités de Voyages à Cuba à 899$.
Ce roman de Ketchum est unique. J’oserais même dire que c’est “une expérience littéraire”.
Un film a été tourné en 2007: The girl next door. Je le verrai….un jour. .. Pas maintenant.
Une fille comme les autres.
Un roman pas comme les autres.
Une fille comme les autres, Jack Ketchum, éditions Bragelonne réédité 2007, 351p.