Un photomontage de John Heartfield

Publié le 01 novembre 2011 par Mtislav
 
Le photomontage du Politiqui n°8 datait du 26 juillet 1934. Il  a été publié dans le magazine AIZ dont la rédaction s'était exilé en Tchécoslovaquie après l'arrivée d'Hitler au pouvoir
Il porte la signature de John Heartfield, un artiste allemand né Helmut Hertzfeld. A 23 ans, en 1914, par écoeurement vis-à-vis du slogan adopté par son pays, "Gott strafe England" ("Dieu punit l'Angleterre") il adopte ce patronyme.  
En simulant une maladie nerveuse, il parvient à se fait réformer, ce qui lui permet de se lancer dans l'édition avec son frère. Il se retrouve à Zurich aux sources du mouvement Dada. 
Les Spartakistes sont écrasés à Berlin. Heartfield se rallie au KPD (parti communiste allemand). Avec ses photomontages, il s'en prend au militarisme, à la classe dirigeante de la République de Weimar et à la social-démocratie... Ce n'est qu'à l'automne 1930 qu'Heartfield change de cible, délaissant le SPD pour s'attaquer à Hitler. Ce qu'illustre le photomontage reproduit ci-contre (AIZ n°40, source), publié quelques jours après les élections de septembre 1930 qui ont permis au NSDAP de recueillir plus de 6 millions de voix.
Heartfield voyage ensuite en URSS et quand il rentre en 1931, les dés sont déjà jetés. C'est en tout cas le point de vue de John Willet  développé dans Heartfield contre Hitler aux éditions Hazan (1997). Ce qui pourrait faire dire à certains que finalement, il est assez ironique que l'auteur de l'injonction « Utilisez la photographie comme une arme ! » ait longtemps cherché à se tirer dans le pied... 
Pour revenir au photomontage support de notre petit jeu, signalons qu'il avait pour titre "Le fascisme est son dernier sauveur - la guerre est sa dernière issue". Chacun aura compris la dénonciation du soutien du nazisme par le capitalisme allemand. Dater l'oeuvre était une autre affaire...
Curieusement, les deux photomontages qui figurent sur cette page sont pratiquement absents de la toile. Pour ceux qui seraient curieux de découvrir les premières "unes" du magazine ouvrier AIZ, jetez un coup d'oeil ici.
Notre gagnant est Monsieur Poireau qui a donné la date la plus proche, suivi par Gaël, Nicolas et Dominique.