Se reporter aux articles sur les saisons pour la Scala, Paris, Lyon.
Vienne, Berlin, New York, Londres voici venir le moment des grandes capitales de la musique d'opéra, 300 soirs à Vienne, trois opéras à Berlin, une saison à faire rêver éveillé à New York, mais aussi des redites, les mêmes chanteurs faisant le "tour" des scènes mondiales...J'ai voulu aussi ajouter Rome et Florence, où il y a souvent des soirées intéressantes, importantes, quelquefois même exceptionnelles.
VIENNE
Le Staatsoper de Vienne est un lieu un peu particulier. Un des hauts lieux de la grande tradition de l'Opéra, une institution d'une importance considérable dans le paysage autrichien, trois cents soirées du 1er septembre au 30 juin, un bal qui fait courir le monde, un vrai public de fans, capable de faire des jours et des jours de queue pour voir ses idoles (je fis trois jours pour Carmen avec Abbado, Baltsa, Carreras...)et un intendant, pour la première fois de son histoire, non issu de la sphère germanique, le français Dominique Meyer, germanophone, grand ami des Wiener Philharmoniker, qui a entrepris de faire bouger un peu les lignes dans cette vénérable institution et qui semble y réussir, tant à l'opéra qu'au ballet, introduisant le répertoire baroque (Armida avec Anja Harteros), le bel canto (l'an dernier Anna Bolena - Netrebko/Garanca- fit son entrée au répertoire) ou rafraichissant les productions maison vénérables et légendaires (cette année le Rosenkavalier de Otto Schenk).
Dans l'énorme quantité de titres (rien que dans les nouvelles productions ou les reprises qui ont été retravaillées, on compte 16 titres entre ballets et opéras) au total une quarantaine d'opéras différents, il est difficile de faire un choix clair, mais je vais signaler tout de même ce qui me fait très envie:
Don Carlo/Don Carlos: cette année, Vienne s'offre le luxe de présenter deux productions du chef d'oeuvre de Verdi, d'une part la version française dans la production désormais culte de Peter Konwitschny et une nouvelle production du Don Carlo italien montée par Daniele Abbado, fils de...On s'offrirait bien le luxe d'aller revoir l'une et découvrir l'autre.
Don Carlos, mise en scène Peter Kontwitschny, dir.mus. Bertrand de Billy avec Kwanchoul Youn (Philippe II), Ludovic Tézier (Rodrigue), Yonghoon Lee (Don Carlos), Adriane Pieczonka (Elisabeth), Béatrice Uria-Monzon (Eboli). Une distribution très honorable qui devrait produire un spectacle de haut niveau.
Don Carlo, mise en scène Daniele Abbado, dir.mus. Franz Welser-Möst, avec René Pape (Filippo II), Ramon Vargas (Don Carlo), Simon Keenlyside (Rodrigo), Luciana d'Intino (Eboli), Krassimira Stoyanova (Elisabetta). Inutile de dire qu'une fois de plus René Pape sera très attendu, comme à Munich ainsi que Simon Keenlyside, dont on connaît le magnifique Posa. Mais la distribution est moins excitante que celle de Munich (16-29 juin 2012)
Entre Zürich, Munich, Berlin, Vienne, beaucoup de Don Carlo(s) à voir cette année, et c'est heureux, avec des distributions assez variées, ce qui ne peut que réjouir.
Aufstieg und Fall der Stadt Mahagonny. C'est une des nouvelles productions de l'année qu'il faudra aller voir. L'oeuvre de Kurt Weill reste rarement représentée ( il y a eu récemment une belle production à Nantes) j'avais vu la représentation de Salzbourg en 1998, mise en scène Peter Zadek, dir.mus. Dennis Russell-Davies, dans les décors de Richard Peduzzi où Gwyneth Jones prêtait sa voix ruinée, mais fantastiquement ruinée pour le rôle à Leokadja Begbick, (avec aussi Catherine Malfitano et Jerry Hadley). En reproposant une forme "opéra", Weill et Brecht posent à la fois la question de sa légitimité et celle de son public. Une oeuvre d'un immense intérêt et surtout tellement d'actualité! Dominique Meyer a composé une distribution stimulante (Christopher Ventris, Angelika Kirschlager, Elisabeth Kulman - Leokadja - , et le très bon Tomasz Konieczny) et fait appel à Jérôme Deschamps, peintre d'une société déjantée pour la mise en scène, le tout sera dirigé par Ingo Metzmacher, un maître pour ce type de répertoire. A VOIR ABSOLUMENT. (Du 24 janvier au 5 février 2012).
Parmi les spectacles viennois attirants, on peut aussi noter
Roberto Devereux, avec, comme à Munich, Edita Gruberova, cette fois-ci dirigée par Evelino Pido', qui porte décidément à Vienne (et en France...) le bel canto, dans une mise en scène du roumain Silvio Purcarete , que les français connaissent bien, avec José Bros, et Nadia Krasteva (26 mai-10 juin)
Die Frau ohne Schatten, dirigée par Franz Welser-Möst, dont on connaît l'affinité pour Strauss, mise en scène de Robert Carsen, avec Adriane Pieczonka (Kaiserin), Robert Dean Smith (Kaiser), Evelyne Herlitzius (Färberin), Wolfgang Koch (Barak, der Färber), soit une belle distribution. Frau ohne Schatten est un de ces opéras qu'on aime à peine on commence à l'écouter et qui a laissé de sublimes interprétations (Rysanek, Nilsson, Böhm...) . (17-27 mars 2012).
Signalons au passage un Ring des Nibelungen unique du 1er au 13 novembre dirigé cette année par Christian Thielemann dans la mise en scène maison de Sven-Eric Bechtolf, avec une pléiade de grands chanteurs wagnériens, Albert Dohmen, Katharina Dalayman, Stephen Gould, Christopher Ventris, Waltraud Meier, Janina Baechle, Tomasz Konieczny...succès assuré même si je ne suis pas fan de Thielemann.
Signalons aussi un Faust, dir.mus: Alain Altinoglu, Mise en scène Nicoals Joel, avec Inva Mula..jusque là on est en terrain connu, mais aussi avec Jonas Kaufmann et l'excellent Adrian Eröd dans Valentin, Albert Dohmen étant Mephisto. Ce Faust devrait faire courir les foules.
Enfin, last but not least, j'ai un faible un très gros faible pour une reprise du Rosenkavalier dans la mise en scène de Otto Schenk, dirigé par Peter Schneider en décembre et par Jeffrey Tate en avril, avec en décembre, Anja Harteros, Chen Reiss, Kurt Rydl et Michaela Selinger et en avril Nina Stemme, Kurt Rydl, Elina garanca et Miah Persson, alternative difficile je crois que je choisirai(s) avril, le trio est vraiment un trio de choc! A NE PAS MANQUER.
Il y aurait bien d'autres choses à signaler: le beau Cardillac d'Hindemith dirigé par Welser Möst qui a triomphé l'an dernier (29 mars-4 avril), un Parsifal pascal dirigé par Thielemann avec Angela Denoke dans Kundry, une Clemenza di Tito avec Michael Schade et Elina Garanca, mise en scène Jürgen Flimm, direction Louis Langrée (17 mai-1er juin 2012) et la Traviata d'Aix (mise en scène Jean-François Sivadier) sans Dessay, mais avec Ermonela Jaho, et dirigée en mai par Bertrand de Billy (10-20 mai) et De la Maison des morts, de Janacek (11 décembre-30 décembre) dirigée par Franz Welser Möst dans une mise en scène de Peter Konwitschny et puis..et puis..et puis..promenez-vous (que dis-je..perdez-vous) dans le site de l'opéra de Vienne, vous resterez étonné de l'offre de ce théâtre "de répertoire" qui allie les avantages du répertoire et ceux de la stagione (notamment pour les distributions)... et puis c'est l'occasion d'aller voir et revoir les Klimt et les Schiele du Belvedere, et les Brueghel et les Archimboldo du Kunsthistorisches Museum, sans oublier le Café Landtmann, le Café Schwarzenberg (mon préféré), le café Mozart, le café Hawelka et le café Diglas (Wollzeile, derrière la Stephansdom, mon second préféré)...
A suivre..Berlin, Londres, New York, Florence, Rome