Lecture conseillée : “Bali, interprétation d’une culture” de Clifford G. Geertz
Anthropologie ; 1973 ; 255 pages ; traduit de l’anglais par Denis Paulme et Louis Evrard
En 1957 et 1958, l’anthropologue américain Clifford Geertz, en compagnie de sa femme, effectue un travail de terrain ethnographique dans l’île de Bali, au centre de l’archipel indonésien. Il n’y retournera pratiquement pas avant la publication, en 1973, d’un ouvrage qui fera date, The Interpretation of Culture. Ni monographie ni ouvrage théorique, c’est en fait un recueil de plusieurs essais, partiellement traduit en français sous le titre Bali : interprétation d’une culture. Geertz apporte un éclairage sur des aspects de la culture balinaise : organisation des villages, groupes de parenté, système d’irrigation, calendriers, titres, combats de coqs, affiliation aux temples, prêtrise et autorité.
Clifford Geertz (1926-2006) aura sans douté été l’un des anthropologues nord-américains les plus marquants du XXe siècle. Ethnographe de Java, de Bali et du Maroc, il a laissé une oeuvre d’une grande richesse qui n’est que partiellement connue (parce que inégalement traduite) en France. Sa volonté de situer l’anthropologie dans le champ de l’herméneutique, sa théorie de la culture (d’inspiration sémiotique), son traitement original des enjeux de l’écriture ethnologique, son approche symboliste de la religion comptent parmi ses plus célèbres contributions.Mais Geertz fut aussi l’un des pionniers de l’ethnographie du Maghreb et de l’islam, un théoricien inspiré bien au-delà de l’anthropologie, ne dédaignant pas aborder des thèmes pour lesquels il est moins réputé ( l’économique, le politique, le théâtre… ). Cet ouvrage vise à mieux faire connaître ses travaux et son approche, en soulignant les principaux aspects d’une pensée qui, pour influente qu’elle fût, n’en est pas moins discutée et critiquée.
Ce n’est ainsi pas le bilan d’une oeuvre immense qui est ici dressé, mais un débat qui est ouvert autour de certains aspects de ses travaux. Il réunit des spécialistes d’horizons intellectuels différents, qui réévaluent, à l’aune de terrains et d’objets divers, la pertinence de l’anthropologie de Geertz, s’agissant du savoir, de la culture, de la religion, et du monde arabo-musulman.