« Repenser l'Etat, Pour une social-démocratie de l’innovation »
de
Philippe AGHION et Alexandra ROULET
publié en septembre
est un ouvrage qui nous permet de repenser
la place de l’Etat dans l’économie.
Ce livre arrive au bon moment, dans une certaine mesure, car à la suite de la crise financière et économique mondiale de 2007-2011 …, les gouvernements des pays de la Zone euro et de l’Union européenne, les Etats-Unis, … ont du creuser leurs déficits budgétaires publics et accepter une hausse forte et rapide des taux d’endettement public pour soutenir l’économie et éviter que la récession ne se transforme en dépression en déflation.
Crise de la dette souveraine et place de l’Etat dans l’économie
Ces pays étant pour la plupart d’entre eux déjà très endettés, les agences de notation et les créanciers s’inquiètent de la solvabilité à moyen et long terme des états.
Au-delà, c’est la dynamique de la dette publique, relativement au PIB, qui pose problème.
Autrement dit, la soutenabilité est également remise en question.
Malgré la faiblesse de la croissance économie effective, et de la croissance potentielle, les Etats s’engagent de gré ou de force dans des programmes de réduction drastique de leurs déficits afin de stabiliser leur taux d’endettement dans un premier temps, puis de le faire baisser dans un second temps.
Au fond, réduire durablement les déficits et la dette publique implique de réduire le poids de l’Etat dans l’économie.
Il faut donc agir sur les recettes fiscales mais surtout sur les dépenses publiques.
Le plus simple serait de faire comme en Grèce et de couper brutalement dans les dépenses publiques.
Le risque à court terme et d’étouffer la faible croissance au risque de tomber en récession … et de voir finalement le taux d’endettement public, non pas baisser mais augmenter.
A long terme, le risque est d’affaiblir la croissance potentielle alors que c’est par l’amélioration de celle-ci que la dette publique deviendra soutenable et que les Etats redeviendront durablement solvables.
Réduire les dépenses publiques, oui ! ….
Mais pas n’importe comment !!!
Réduire les dépenses pour pouvoir réduire les impôts, oui !
Mais pas n’importe comment.
Voilà en résumé ce que nous disent les auteurs.
Nos dirigeants doivent bien réfléchir à la nature des dépenses publiques à réduire
et à l’ampleur de cette baisse.
De manière analogue, pour réduire le poids des prélèvements,
il convient de se demander avant, lesquels et dans quelle mesure.
Visiblement, ce n’est pas ce que font nos gouvernements toujours
dans la réaction court-termites alors que paradoxalement
ils reprochent ce type de comportement aux acteurs des marchés financiers.
Le dernier sommet européen en est la preuve car il ne résout aucunement
le problème de solvabilité et encore moins le problème de soutenabilité !
Dans « Repenser l'Etat, Pour une social-démocratie de l’innovation »,
Philippe AGHION et Alexandra ROULET nous proposent
des pistes précises
pour sortir de la crise des dettes souveraines,
pour réduire le poids de l’Etat dans l’économie.
Non pas pour des raisons doctrinales et dogmatiques,
mais pour des raisons d’efficacité économie et de justice sociale.
« Plus d’Etat, autrement » !
Cela peut être moins d’Etat et « mieux d’Etat » simultanément.
Bien loin des discussions dépassées entre ultra libéraux favorables à un Etat minimal et keynésiens radicaux favorables à une gestion de la crise par la demande globale, les auteurs proposent de repenser l’action de l’Etat en s’orientant vers « plus d’Etat, autrement » !
Un Etat qui investit dans l’éclosion et la matérialisation d’idées nouvelles
Un Etat qui assure contre les nouveaux risques,
autrement
Un Etat garant du contrat social
Un Etat qui consolide et approfondie la Démocratie
Un Etat qui ne rejette pas la mondialisation et mais qui ne se soumet pas
Un Etat qui s’inscrit dans un processus dynamique d’innovation,
de destruction-créatrice
Un Etat réinventé qui dépasse le blairisme
et la sociale démocratie d’Anthony GIDDENS
Un Etat qui combine avec succès politique industrielle
et politique de concurrence
Un Etat qui transforme la gouvernance dans les domaines de la santé et de l’école
Un Etat qui facilité le dialogue entre entreprises et syndicats
Un Etat qui s’inscrit vraiment dans le long terme
Un Etat qui favorise la croissance à long terme
Un Etat qui ne substitue pas aux agents économiques privés
….
Je reviendrai sur différentes propositions des auteurs dans des billets au cours des semaines qui viennent.
Un livre pour alimenter le débat argumenté en vue des échéances de 2012
Ce que je peux dire, avant de vous laisser découvrir ce livre, c’est que nous avons entre les mains un des meilleurs livres parus ces cinq dernières années.
On peut ne pas être d’accord avec certains propositions des auteurs, en revanche on ne peut rejeter en bloc celles-ci, d’autant plus qu’il existe une grande cohérence d’ensemble.
Un programme de gauche et un programme de droite pourraient et devraient s’en inspirer !
C’est un de ces livres qui devrait permettre d’améliorer la qualité du débat démocratique avant les élections majeures en France en 2012.
J’espère que ce sera le cas. Je vous souhaite donc une agréable lecture.
Philippe AGHION devant des lycéens en 2011 sur la croissance, ses ressorts …
Je rappelle ici que Philippe AGHION, Professeur d’Economie à l’Université de HARVARD et diplômé de cette université, membre du Conseil d’Analyse Economique fut m’on invité sur ces thèmes en janvier 2011.
Jeudi 13 janvier 2011, il a donné deux conférences de deux heures aux lycéens de terminale ES et de première ES des lycées Charles le Chauve de Roissy en Brie, Camille Claudel de Pontault-Combault, Sainte Thérèse d’Ozoir la Ferrière et Petit Val de Sucy en Brie.
Deux conférences d’économie exceptionnelles !!!
Le matin une première conférence était adressée à la moitié des élèves et l’après midi, une seconde conférence pour l’autre moitié.
A consulter
« Croissance Economique » : Philippe AGHION en conférence devant 400 lycéens
A voir
Vidéo « Un professeur de Harvard dans un lycée de banlieue », à Roissy en Brie, Pontault-Combault …
Présentation éditeur
Alors que la crise financière a remis en cause la toute-puissance des marchés et les politiques de dérégulation, les citoyens n’ont jamais eu aussi peu confiance en l’État.
À peine conjuré l’effondrement général, on a vu divers gouvernements européens,
ainsi que le Congrès américain, prôner à nouveau un État minimal.
Pourquoi la crise n’a-t-elle pas eu raison du profond scepticisme à l’égard de l’État ?
Au « moins d’État » néolibéral, ce livre répond qu’il faut « plus d’État autrement ».
La mondialisation et la révolution des technologies de l’information nous obligent
à réaffirmer le rôle de la puissance publique, mais en la réinventant.
État qui investit dans la croissance et l’innovation, État garant du contrat social,
État protecteur dans un monde plus incertain, État impartial :
telles sont les lignes de force du nouveau pacte social-démocrate
que ce livre propose.