Cette étude, bien que publiée dans le Journal of Neuroscience, suggère de manière scientifique ce que nous avons tous déjà expérimenté de manière triviale, à savoir que notre cerveau est capable de réagir, à des caresses prodiguées à d'autres, avec la même intensité que si ces caresses nous étaient destinées. Car cette petite expérience montre, à l'IRM, que le cerveau réagit aussi fortement à la vue d'une autre personne caressée. Une réaction par procuration « réservée aux situations d'interactions sociales », précisent les auteurs.
Être doucement caressé par une autre personne est une expérience émotionnelle tout autant que physique. Le toucher « affectif » revêt une signification sociale forte pour les mammifères dont nous autres les humains. Le toucher qui se produit au cours de nos interactions sociales est codé par une voie neuronale distincte connectée à de minuscules récepteurs tactiles présents sur la peau. Chez les humains, la partie postérieure de l'insula ou cortex insulaire est la région du cerveau principalement associée à ce processus émotionnel.
Toute une science? Mais la façon dont nous sommes caressés et la réaction suscitée dans le cerveau sont, selon ces chercheurs de l'Institut des neurosciences et de physiologie de l'Université de Göteborg, toute « une science ». Ces derniers, intéressés par le sujet ont donc recruté des bénévoles, qui ont subi des IRM pour mesurer les flux sanguins dans le cerveau déclenchés par des caresses lentes ou rapides reproduites à l'aide une brosse douce.
Sans surprise, une caresse lente (3 cm/ s) donne lieu à des réponses plus importantes dans le cerveau. Mais les résultats deviennent beaucoup plus surprenants lorsque ces volontaires visionnent des vidéos montrant une autre personne caressée. «L'objectif était de comprendre comment le cerveau traite l'information liée au contact sensuel, et il s'avère que le cerveau s'active tout autant lorsque l'on regarde quelqu'un d'autre se faire caresser que lorsqu'on est caressé soi-même», explique India Morrison, l'un des auteurs de l'étude. «En regardant juste un contact sensuel et sans ressentir le moindre contact physique, nous ressentons l'émotion. »
Une réaction par procuration: En revanche, si les participants bénévoles regardent une vidéo où une main caresse un objet inanimé alors leur cerveau ne s'active pas avec la même intensité, montrant ainsi que cette réaction « par procuration » ne se produit que dans des situations d'interactions sociales.
Des résultats qui montrent, s'il en était besoin, que notre cerveau est câblé de telle manière que nous pouvons ressentir les sensations éprouvées par d'autres personnes, ce qui, selon la chercheuse, pourrait ouvrir de nouvelles voies à l'étude de l'empathie. Comprendre la signification d'un geste (touch) peut permettre de comprendre aussi si deux personnes se rapprochent ou sont sur le point de se battre! Bref, notre insula serait capable de reconnaître, à l'observation, un geste hédonique d'un geste ennemi ?
Source: The Journal of Neuroscience, 31(26): 9554-9562; doi: 10.1523/JNEUROSCI.0397-11.2011 « Vicarious Responses to Social Touch in Posterior Insular Cortex Are Tuned to Pleasant Caressing Speeds”