Un gène, nommé 5-HTTLPR, joue un rôle important dans la dépression. Ces chercheurs du CNRS qui ont souhaité mieux comprendre les interactions entre les facteurs génétiques, mais aussi environnementaux de la dépression, montrent, dans une recherche relayée dans l'édition de novembre de la revue Human Brain Mapping, que ce gène impacte non seulement l'activité d'une zone du cerveau, l'amygdale, impliquée dans les troubles anxieux et dépressifs, mais également l'efficacité de la psychothérapie.
Cette équipe du CNRS / UPMC / CHU Pitié Salpêtrière a étudié l'activité de l'amygdale, une structure du cerveau dont l'activité est anormalement élevée chez les personnes atteintes de troubles anxieux et dépressifs. Les chercheurs montrent que l'activité de celle-ci peut être modulée en fonction d'un gène, de l'histoire personnelle et de l'activité cognitive des sujets.
Le gène 5-HTTLPR, déjà impliqué par de nombreuses études, un gène codant pour le transporteur de la sérotonine, une substance impliquée dans la régulation des émotions, pourrait jouer un rôle important dans la dépression et accentuer l'impact des événements stressants sur notre moral. Une forme courte de ce gène provoque une activation plus intense de l'amygdale, la région du cerveau impliquée dans les émotions et la reconnaissance de signaux de danger.
Les chercheurs ont réalisé une IRM sur 45 participants sains porteurs ou non de la forme courte du gène. Durant l'IRM, des photographies plaisantes ou déplaisantes leur étaient présentées. Les sujets devaient soit indiquer si elles étaient agréables ou désagréables, soit réfléchir aux liens existant entre ces images et eux-mêmes. Chez les porteurs de la forme courte, l'activation de l'amygdale est plus élevée lorsque les participants doivent associer la photographie à leur cas particulier. Chez les porteurs de la forme courte du gène, l'activité de l'amygdale diffère selon le type d'activité mentale, simple description de l'image ou mise en relation avec leur histoire personnelle. Par ailleurs, les chercheurs montrent que l'exposition au stress subi durant l'année précédente joue aussi un rôle critique sur l'influence du gène sur l'activation de l'amygdale.
Les auteurs concluent que les facteurs génétiques, qui contribuent à une sensibilité à la dépression, sont eux-mêmes influencés l'histoire personnelle des sujets et par leur attitude psychologique. De même, la thérapie cognitive pourrait avoir des effets différents en fonction de ce patrimoine génétique.
Sources: Communiqué CNRS et Brain Mapping. Novembre 2011 Cognitive Appraisal and Life Stress Moderate the Effects of the 5-HTTLPR Polymorphism on Amygdala Reactivity.
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