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Internet s’est arrêté.

Publié le 01 novembre 2011 par Variae

Et si Internet s’arrêtait demain ? C’est la question posée par Laurent du blog Lolobobo à Yann, Nicolas, El caminoDadaPrincesse 101, Marie, RomainRomainregarderleciel, David, Rachel, Shaya, Chouyo,Manu, WalterEmmanuellegael, Mehdi et Bembelly. Ma réponse sous force de récit des événements.

Internet s’est arrêté.

7H30. Le réveil de mon portable sonne. Je tends la main vers ma tablette tactile pour consulter les journaux en ligne, pour réaliser que cela ne va pas servir à grand chose. Un pied puis deux en dehors du lit, le temps d’enfiler un jeans et un t-shirt pour descendre chercher la presse au tabac voisin. Ma monnaie y passe.

9H00. Arrivée au bureau. Les locaux ont l’air étrangement calmes et vides ; seul le gardien est à l’entrée, me regardant avec un air étonné. Je jette un coup d’œil à son horloge : 8H. Mon téléphone, faute d’accès web, ne s’est pas mis à l’heure d’hiver.

10H30 (9H30 heure d’hiver). Un collègue d’un autre service, avec qui je n’ai d’habitude que des échanges épistolaires par mail, vient me voir pour un dossier à régler. C’est à peu près la première fois que je le vois aussi longtemps en chair et en os, une gêne bizarre s’installe (il a donc cette voix ?). Du coup le café que je lui préparais m’échappe des mains et finit sur mon jeans.

10H00 (heure d’hiver). Trouver un pressing à proximité pour s’occuper du jeans repeint au café noir : simple comme un coup de Google. Eh bien non, justement. Au bout de trente minutes à tenter de joindre un des service Pages Jaunes-like par téléphone, tous complètement saturés d’appels, j’abandonne, observant du coin de l’œil un collègue, dans le bureau d’en face, tenter de rebrancher un vieux Minitel.

11H15. Après quinze minutes à tergiverser, nous décidons, avec les autres participants d’une réunion de travail prévue à 11H, de l’annuler, celui d’entre nous chargé de faire une présentation ayant avoué, penaud, qu’il l’avait envoyée à tout le monde par mail la veille. Les tentatives d’impression du dossier – sur clé USB – échouent, une importante mise à jour du driver de l’imprimante n’ayant pu se faire, faute de connexion web.

12H00. Cela fait désormais très précisément une heure trente que la messagerie de mon portable est paralysée, remplie de messages divers et variés – ceux qui faisaient il y a 24H encore l’objet d’un simple mail. Je réalise parallèlement que la réunion prévue l’après-midi va devoir être annulée, les documents nécessaires étant perdus dans les méandres du cybermonde décédé – et plus prosaïquement sur Google Documents, où ils étaient élaborés collectivement.

13H00. Une expédition à la boulangerie pour trouver un sandwich tourne au fiasco, mes dernières pièces ayant été requises par la presse du matin, et les distributeurs de billets semblant eux aussi atteints par le crash télématique. Du coup, désœuvré et le ventre vide, je commence à rédiger une oraison funèbre en l’honneur de mes blogs et de @romain_pigenel, avant d’abandonner, réalisant que je n’aurai nulle part où les mettre en ligne, pardon, les publier.

14H00. Alors que je tente de me rentrer dans le crâne qu’il n’est pas possible de retweeter la phrase amusante d’une collègue, celle-ci me tapote l’épaule, me disant, confuse, ben quoi, je te poke ! Je lui lève le pouce en guise d’approbation.

16H00. Laissant ma voisine, manuel à la main, essayer de comprendre comment faire fonctionner le fax, je quitte le bureau pour me rendre à un rendez-vous extérieur. C’est en sortant du métro que je comprends qu’il va être difficile de trouver l’adresse, sans plan du quartier affichable sur mon téléphone, ni GPS.

16H30. Au bout d’une demi heure à tourner dans le quartier, renvoyé d’une rue à l’autre par les avis contradictoires des passants sur la localisation exacte du 4, impasse Machin, je finis par arriver devant une porte à digicode – dont le code est précieusement conservé dans un message privé Twitter. Sans numéro de téléphone à appeler, et après avoir renoncer au projet de lancer des pavés sur les triple-vitrages des fenêtres pour attirer l’attention des occupants, je finis par revenir sur mes pas jusqu’à la bouche de métro.

18H30. Au bord de l’inanition, je parviens à convaincre mon boulanger, qui lorgne sur les tâches brunâtres qui maculent mon jeans, de me céder un panini contre un chèque, au prix d’une longue explication sur le crash Internet en cours. Il me regarde, avec un air réconfortant : « oh, ça pourrait être pire, vous pourriez plus n’avoir Google ! ».

Romain Pigenel

Je passe le relais à Nico93, Emmanuel Borde, Cyril M, Djoulf, Coralie Delaume et La Bienveillante.


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