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L’ampleur de la crise actuelle contraint les États à revoir fondamentalement le financement des politiques publiques. Mais la crise n’est pas seulement financière. Une partie croissante de l’économie est gouvernée par la recherche exclusive du profit financier.
Cette dérive a des conséquences sociales et écologiques qui pèsent sur notre quotidien : augmentation du chômage, baisse du pouvoir d’achat, mal-être au travail, creusement des inégalités, appauvrissement des plus démunis, dégradation de l’environnement…
Le fonctionnement de l’économie doit être réorienté. La crise n’est pas une fatalité. Nous proposons de partager les actions qui ont réussi en prenant d’autres chemins, ceux de l’économie sociale et solidaire (ESS).
Sous de multiples formes, elle représente près de 10 % de l’activité et de l’emploi en France : associations, mutuelles, coopératives, fondations, entreprises d’insertion, entreprises sociales…
S’ASSOCIER, MUTUALISER, COOPÉRER EST NOTRE MANIÈRE D’ENTREPRENDRE
Les acteurs de l’ESS résistent aux dérives, car ils se distinguent du modèle dominant. L’économie sociale et solidaire n’est pas gouvernée par l’argent, elle est gouvernée par les personnes : c’est sa force ! S’associer, mutualiser, coopérer est notre manière d’entreprendre. Le partage collectif des risques et des résultats donne des capacités uniques d’innovation pour répondre aux besoins sociaux.
L’assurance pour une mutuelle, ce n’est pas couvrir des risques financiers, c’est protéger des personnes (même tarif pour un jeune conducteur que pour un conducteur expérimenté, par exemple). L’aide à la dépendance, ce n’est pas qu’une question financière, c’est d’abord donner le droit à une personne de choisir son avenir.
Ils tiennent bon face à la crise, malgré la réduction des financements pour les associations assurant des missions d’intérêt général, l’augmentation de la taxe sur les mutuelles complémentaires de santé ou l’inadaptation des dispositifs pour l’innovation et la création d’entreprises. Un emploi sur huit du secteur privé se situe dans nos entreprises !
Elles ont contribué à des changements pour une meilleure qualité de vie (diffusion du commerce équitable ou de l’agriculture biologique).
Les coopératives bancaires (plus de la moitié des banques en France) sont moins exposées aux risques que les banques classiques, grâce à l’absence d’actionnaires à rémunérer, l’ « impartageabilité » des réserves et une gouvernance démocratique.
Les réponses des acteurs de l’ESS sont concrètes et réelles afin d’entreprendre autrement pour nourrir, soigner, éduquer, assurer, loger, transporter…
Face au pouvoir de l’argent, il est urgent de donner le pouvoir aux personnes. Le souffle de la démocratie pour irriguer l’économie passe par l’exercice d’un mandat électif bénévole dans la gouvernance d’une entreprise.
La représentativité des syndicats d’employeurs, exclus du dialogue social, est une mesure centrale pour assurer le pluralisme de la démocratie sociale. Les sociétés de personnes doivent être reconnues, tant au plan fiscal que dans l’organisation du marché européen ; il faut donner la priorité à la reprise des entreprises par les salariés sous forme coopérative ou améliorer l’accès aux financements des associations sans capital financier mais dotées d’un capital d’engagement humain formidable.
Face à une société fondée sur l’enrichissement personnel, il est urgent d’assurer un partage collectif de la richesse produite. La redistribution des revenus du travail et de ceux du capital demande à être revue.
Une répartition équitable des excédents des entreprises entre investissement, rémunération des salariés et éventuelle distribution collective aux membres doit être soutenue. Face à la globalisation des marchés, il faut préserver les activités d’intérêt général.
Des pôles de coopération doivent être organisés pour soutenir les entreprises qui par leur ancrage territorial assurent la non-délocalisation des emplois.
Nombre de citoyens, les jeunes notamment, aspirent à trouver un travail qui ait du sens. Le système spéculatif actuel n’est pas la seule voie. Le sacrifice des conditions de vie de tous ne peut pas servir à sauver quelques profits individuels. Le sauvetage des finances publiques ne suffira pas à résoudre la crise si l’on revient au « business as usual ».
Les acteurs de l’économie sociale et solidaire proposent une économie démocratique, articulant concrètement économie et solidarité, pour qu’elle soit au service des personnes et de leurs besoins sociaux.
Nous appelons les citoyens et les responsables politiques à faire le choix de cette économie. Alors que s’ouvre le débat de l’élection présidentielle, les acteurs de l’économie sociale et solidaire et ceux qui en partagent les valeurs veilleront à ce que ces questions soient prises en compte par les candidats.
Jean-Louis Cabrespines, président du CNCRES, Gérard Andreck, président du Ceges et André Leclercq, président de la CPCA
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