Magazine Politique
Dès que j'ai appris que Spielberg allait sortir son "Tintin" j'ai eu hâte d'en connaître le résultat. La grosse artillerie mercantile qui a précédé et entouré la sortie du film pouvait agacer (Spielberg, n'est pas qu'une "montagne de jeu" c'est aussi un money-maker), la nécessité d'intéresser un public américain assez ignorant des albums d'Hergé pouvait inquiéter, mais quand on connait le caractère sourcilleux et procédurier de Moulinsart S.A. dans la gestion patrimoniale des droits d'auteur d'Hergé, on pouvait aussi penser que l'œuvre ne serait pas dénaturée.
Dans cette histoire qui mélange plusieurs albums, les références aux diverses aventures du petit reporter à la houppe sont nombreuses (avoir réussi à caser une scène issue d'Objectif Lune avec les bulles de whisky en apesanteur, quand même...) et les ajouts non Hergé-compatibles sont rares (les dialogues parfois, avec quelques clins d'œil salaces qui ne sont pas le genre de la maison Moulinsart). La 3D est utilisée à bon escient et donne à l'ensemble la forme d'un agréable divertissement. La caractérisation des personnages pourrait parfois faire grincer les puristes (un Haddock court sur pattes, une Castafiore trop "bien", les Dupondt pas assez neuneus) mais un Tintin presque sexy... Evidemment la "ligne claire" qui fait le cachet de la BD ne passe pas vraiment à l'écran, mais on imagine difficilement comment faire autrement et à vrai dire on ne va pas au cinéma pour voir une BD en à-plat mais un univers. Un univers pour les 7 à 77 ans, et j'ai encore un peu de marge...