Valérian par Manu Larcenet. D’après Christin & Mézières.
Quelque part en France, dans un rade paumé, il y a René Pérouillaud, comme chaque jour il a un peu trop bu et il passe son temps à rabattre les oreilles de son compagnon de beuverie, Jean-Pierre, avec ses histoires d’espace, de fusées spatiales et autres fariboles inter galactiques. Francisque le barman, il les connait trop bien ces deux énergumènes, et il ne compte plus le nombre de tournées , entre rouge qui tache et blanc qui cogne, à écouter toutes ces affabulations sans queue ni tête, mais bon, la vie est ainsi faite dans l’immensité désuète des villes d’aujourd’hui…
Et puis c’est le grand soir, René et Jean-Pierre rentrent chez eux, fiers compagnons à la démarche chaloupée, lorsque Albert, émissaire de Gago’BH interpelle un certain…Valérian !?!… Oui, après quelques improbables péripéties, on apprend que sept années terrestres auparavant, ce sympathique (et séduisant) aventurier est tombé dans un piège tendu par « Jasperian le Jakolass » et sa célèbre armure indestructible. En effet, par un subterfuge que seul Jasperian maîtrise il a « télé interné » Valérian dans le corps d’un inoffensif humain à moustache… René Pérouillaud…
Seulement voilà, pour le bien être et la sécurité de la galaxie, Valérian est une pièce de choix, il est donc impératif que ce dernier puisse retrouver dans les meilleurs délais son apparences d’origine (accessoirement cela consolerai aussi au passage la douce Laureline, compagnonne de la première heure, et follement éprise du bel aventurier).
Et c’est partie pour une aventure aussi improbable qu’ahurissante qui entrainera le lecteur (averti ou non) jusqu’aux
confins du « soleil noir de Baréniff-la-sombre », en passant par « les amas hypnotiques de Krozkoz » et bien évidemment sans oublier de visiter « Karouss V la stupéfiante » avec ses nombreuses échoppes où tout se monnaie, tout s’échange… On apprendra également l’existence des « Shobaks », capables de fissurer la structure atomique, ainsi que des « Gnii liquides de Sikabeng » inoffensifs en règle générale mais capables de se transformer en de redoutables monstres si ils se sentent menacés. Ah, petit détail qui aura tout de même pas mal d’importance dans l’aventure, l’alcool a été prohibé dans la galaxie pour être avantageusement remplacé par la « Néo Kodion de Spidbol III ».D’énigmes insolubles en dangers insurmontables, cette quête épique mènera finalement le lecteur intrigué aux portes du centre carcéral de « Walawalla » vers un dénouement aussi explosif qu’insoupçonnable… enfin, si nos héros parviennent au passage à éviter une « démolécularisation » en traversant la barrière de satellites vivants de Goluzor…
Je ne suis pas un spécialiste (loin s’en faut) de ce que l’on appel « la bande dessinée franco-belge », mais comme beaucoup d’entre vous j’ai déjà entendu parler des aventures spatiales / spéciales de Valérian et Laureline, la saga mise en images par Pierre Christin et Jean-Claude Mézières, sans pour autant n’en avoir lu ou vu ne serais-ce que l’ébauche d’une case. Mais je reste cependant toujours attiré par ce genre de projet, et puis comme je le dis souvent : « c’est tellement plaisant de savoir qu’on a encore tant et tant de chose à découvrir »… Bref, c’est surtout la démarche des deux « pères » de la série qui aura su m’intriguer et aiguiser ma curiosité :
« Une série ayant inspiré autant de créateurs, parcouru autant d’univers, ne pouvait totalement s’arrêter. Et d’ailleurs, dans les abîmes interstellaires, où se situent la fin et le commencement ? C’est pourquoi Christin et Mézières ont souhaité confier leurs deux héros à quelques amis, triés sur le volet, pas pour une suite, surtout pas, mais pour une exécution en figures libres, une relecture d’un univers propice à toutes les interprétations… »
Le premier à se lancer aura donc été Manu Larcenet, et il faut bien le dire, c’est une petite perle qu’il nous a pondu là. Complètement déroutant, passionnant de la première à la dernière page tout en étant particulièrement « léger » et distrayant, un humour ravageur à couper au couteau, une kyrielle de personnages et de lieux hautement improbables mais tellement biens sentis et, bien évidemment, le trait inégalable et toujours aussi efficace d’un Manu Larcenet en très grande forme. Je pourrai parler des heures et des heures de cet ouvrage tant il aura su me procurer du plaisir et de la joie, mais j’aurai la délicatesse de vous épargner cela… je conclurai simplement en disant que finalement ils sont plutôt rares les ouvrages qu’on regrette d’avoir terminé, juste par ce qu’on aimerait encore et encore pouvoir les lire pour la première fois…