Au B20, version patronale du G20, on devrait parler croissance et emploi. Les solutions devraient faire la part belle à la flexibilité des salariés du moins si l'on en croit les propositions du groupe des fédérations industrielle, le représentant des industriels au sein du Medef !
Laurence Parisot vit son heure de gloire. En effet, on peut lire sur le site du Medef : « La présidence française du G20 a demandé au Medef d’organiser, en marge du sommet des chefs d’Etat, un B20 qui réunira les organisations patronales et les entreprises des 20 pays les plus industrialisés (...) »
L'une de ces thématiques abordée, porte le nom de : Emploi et dimension sociale. Elle est présentée sur le site du B20 de la façon suivante : « Suite à la crise financière et économique, entraînant une augmentation du chômage, de la pauvreté et des inégalités ainsi que des bouleversements au sein des entreprises, le Sommet du G20, ainsi que la communauté des affaires, s’attaqueront aux problèmes d’ordre économique et social (...) »
Bien que, précise le JDD : « (...) rien ne s’y décide de concret (...) Le G20 est (...) l’occasion d’un face-à-face au sommet entre chefs d’État et chefs d’entreprise (...) Raison de plus pour que les salariés soient attentifs aux solutions que les organisations d'employeurs proposeront.
On peut néanmoins en avoir un aperçu en lisant le : « Nouveau Pacte pour l’Industrie, pour la Croissance et pour l’Emploi », présenté le 25 octobre 2011 par le Groupe des Fédérations Industrielles (GFI).
Groupe des Fédérations Industrielles, Késako ?
Selon leur site web : « Créé en 1988, le Groupe des Fédérations Industrielles (GFI) rassemble les plus importantes fédérations industrielles françaises et représente ainsi environ 80% de l’industrie (...) Les fédérations industrielles composant le GFI représentent l’industrie au MEDEF (...) »
De quoi parle ce pacte ?
« Avec un Nouveau Pacte pour l’Industrie, pour la Croissance et pour l’Emploi, le GFI apporte la contribution de l’industrie aux débats publics qui précèderont les élections de 2012. Ce Pacte propose un choc de compétitivité pour créer les conditions d’un nouveau développement de l’industrie en France »
On y trouve 12 propositions allant de : l'ambition industrielle pour le pays clairement affirmée et mise en oeuvre en passant par : une réglementation fiscale, juridique et environnementale simplifiée et surtout, l'explication du : « choc de compétitivité ».
Point 5 : « Pour améliorer la croissance et l'emploi, le GFI propose de : réduire significativement le coût du travail en France, en basculant une partie du financement de la protection sociale vers la fiscalité (TVA, CSG,…) »
Celà suffirait-il à relancer l'emploi ? Certes non mais le GFI a d'autres pistes qu'on pourrait qualifier de « fantasmes ultimes » du patronat français
« (...) En France, la croissance est contrainte par de multiples obstacles : (...) Une législation et une réglementation du travail qui freinent l’embauche en période de croissance et handicapent l’ajustement rapide des effectifs de l’entreprise en période de ralentissement de l’activité(...) »
Car, tout le monde sait que lorsqu'on simplifie les procédures de licenciement, les employeurs se mettent brutalement a embaucher. Il n'y a qu'à voir les « brillants résultats » de la rupture conventionnelle, qui aura servi essentiellement à se délester des plus de 50 ans. Quant à la suppression/transfert de la protection sociale il faudrait être assez naïf pour ne pas croire qu'il permettrait aux entreprises d'augmenter leurs marges et la rétribution des actionnaires !
Mais là où les salariés doivent être les plus vigilants c'est sur le dialogue social. Et là, on touche au sublime puisqu'il s'agit de laisser : « (...) la responsabilité et la liberté aux partenaires sociaux représentatifs de négocier et de décider entre eux les compromis les meilleurs en matière d’emploi, de durée du travail et de rémunérations (...) »
Dans le détail
« Rendre aux partenaires sociaux le réel pouvoir de négociation et de décision sur l’emploi, la durée du travail, les rémunérations. Faciliter la gestion conjoncturelle de l’emploi dans les entreprises, leur permettant d’adapter en temps réel le niveau des effectifs avec celui de l’activité tout en sécurisant les parcours professionnels des salariés concernés » Et le GFI d'ajouter (sans rire) : (...) Tant que la pression de l’exécutif et du législatif s’exercera en France sur ce qui doit être négocié par les partenaires sociaux en liberté et en responsabilité, il est illusoire d’imaginer une amélioration sensible et durable de la situation de l’emploi (...) »
Qu'arriverait-il dans ce cas ? Eh bien l'application de ce que le GFI appelle la facilitation de gestion conjoncturelle dans les entreprises et dans les branches !
« (...) L’intensité et la vitesse de diffusion de la crise économique de 2008/2010 ont exigé des entreprises une réactivité sans précédent pour s’adapter à des chutes d’activité comprises entre 20 et 30 % en moyenne, certaines atteignant plus de 50 % en quelques semaines ! Sans cette réactivité, l’entreprise peut disparaître (...) »
Ce qui aboutit à cette recommandation : « Le GFI recommande que la gestion des effectifs en période de crise soit totalement revue en confiant aux partenaires sociaux le soin de définir les solutions pertinentes préservant au maximum les capacités de rebond (...)»
Au fait, pour ceux qui l'ignoreraient, le président du GFI se nomme Pierre Gattaz et est le fils d'Yvon Gattaz qui dirigea le CNPF (ancêtre du MEDEF) et avait annoncé en 1986 que la suppression de l'autorisation administrative de licenciement se traduirait par la création de 400 000 emplois. Ce qui avait eu pour effet de : faciliter, pour les entreprises, le recours aux contrats à durée déterminée, au travail temporaire, et au travail à temps partiel.
Etonnant non ?
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B20