VOUS DE LA SYRIE
Dédiée à Maram Al Masri
Vous de la Syrie
Vous qui élevez haut les arbres de la liberté
Vous que les matins fusillent sans sourciller
Sans se soucier d’épargner vos genoux
Je vous tiens la main
Parce que la main de l’homme vaut l’homme
Vous qui apprenez la douleur des précipices
La terreur des chars
L’enfant incrédule devant le silence
Vous qui saignez du sang des humains
Je vous tends la main
Car une main peut être une feuille de justice
Vous dont le soleil pleure
Au midi de la mort
Vous dont les murs crient sous les balles
Mères défigurées par la torture d’aimer
Pères tombés dans la tombe étonnée
Frères et sœurs
Je ne puis pas me taire
Je vous ouvre ma main pour nourrir vos étoiles
Je ne puis pas me taire car mon sang est en jeu
Le sang du monde est en jeu
Depuis tant de jours le deuil enfonce vos portes
Ouvre vos fenêtres
Change vos vêtements et la couleur de vos yeux
Depuis tant de jours
Les oiseaux chantent la mort
Mais la ville résiste
Pleure
et résiste
et pleure
et résiste
Parce que la liberté est si fragile qu’elle est invincible
C’est une fleur solide
Un papillon de fer
Une étoile qui persiste et signe sa lumière
Vous de la Syrie
Inépuisable est la douleur des palmiers
Le plus rouge des sables s’égoutte au sablier
La liberté n’a pas besoin de Président
Elle a besoin d’exemples
On ne tue pas un miracle qui dit non
Vous de la Syrie
Le printemps craque de toutes ses fleurs
Je me joins au cortège du sacrifice
Et dans ma main naît le sang de ma solidarité
La plus belle canonnade est la canonnade du cœur
Et ce désir de liberté que la mort déracine
Je l’ai nommé arbre du monde
Je l’ai planté dans la douleur du monde
Et je regarderai ses fruits
Je soupèserai ses fruits qui nous attendent
Et je vous dirai merci pour la leçon d’honneur
Ernest Pépin
Faugas/Lamentin/Guadeloupe
Le 15 septembre 2011