4/5
J’ai assez dit la difficulté que j’avais à apprécier le travail d’Hickman sur FF : bien que redonnant ses lettres de noblesse aux membres de la Fantastique Famille (en conférant d’énormes responsabilités à Reed Richards et Sue Storm) et en les faisant régulièrement explorer d’autres univers et/ou dimensions, rien à faire, l’ensemble m’apparaissait confus, parfois trop abrupt et on avait bien du mal à distinguer les enjeux. Au niveau des réussites, on trouvait ces graines de génie que sont les jeunes prodiges de la Future Foundation sur lesquels Mr Fantastic lui-même, malgré l’aplomb que pourrait lui conférer son « intelligence universelle », n’hésite pas à compter. Parmi eux, Valeria, jeune femme au potentiel énorme, non seulement immensément douée, mais malicieuse et perspicace, est sans aucun doute ma préférée.
Or voilà qu’on nous annonce la fin des Fantastiques, tels que nous les connaissons : un membre est appelé à mourir. D’où le titre de cet arc : « Trois » qui rappelle celui de Aguirre Sacasa & McNiven en 2004 (« Quatre » édité en France au format Marvel Graphic Novel). Outre cette quasi certitude que le condamné en question saura un jour ou l’autre resurgir sous la plume d’un scénariste plus ou moins inspiré, l’information est de taille.
Et là, malgré la dispersion de l’intrigue – qui semble vouloir régler définitivement les comptes en reprenant à peu près tous les éléments évoqués dans les mois précédents – en des lieux et des temps différents (l’Invisible est sous les mers pour tenter d’arbitrer une conciliation musclée entre les différents royaumes tandis que Reed se sent obligé de suivre Galactus qui demande des explications à propos du cadavre de son moi futur – vous suivez ? – et que Johnny accompagne Ben qui profite de sa semaine en expérimentant le produit mis au point par la Fondation, censé lui redonner son apparence humaine), on ressent l’impact de la conclusion à venir, on retrouve cette dramaturgie classique qui encense et honore les héros en multipliant les menaces : rien moins qu’une seconde vague d’Annihilation est aux portes de la Terre, et il faudra bien que quelqu’un se dévoue pour l’empêcher, ou du moins la ralentir le temps de sceller le passage…
A noter un épilogue muet mais réussi, à la manière des ‘nuff said (rappelez-vous lorsque toutes les séries Marvel devaient se plier pendant un mois à l’obligation de ne pas user de phylactères) : intense et parfois même poignant.
Un numéro qui retrouve par moments la grandeur de cette série qui fut le premier succès de l’ère Marvel. A lire, bien entendu.
Une mini-série de 6 épisodes tirés de Fantastic Four (#583 à 588) par Jonathan Hickman, Steve Epting & Nick Dragotta.
Editée par Panini France (septembre 2011) dans la collection « Marvel Icons Hors-série».
Traduction de Laurence Belingard